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L'aurillacois (en occitan : orlhagués[1]) est une variante septentrionale du languedocien, lui-même dialecte de l'occitan.

Aurillacois
Orlhagués
Pays France
Région Tiers sud-ouest du Cantal, soit l'arrondissement d'Aurillac, Aveyron (pointe nord).
Typologie SVO
Classification par famille
Codes de langue
Linguasphere 51-AAA-gbf
Carte

Il est parlé dans la région d'Aurillac et dans l'ancien Carladez, c'est-à-dire le sud-ouest du Cantal (Châtaigneraie, Carladès et ancien canton de Pierrefort)[2] et le nord du département de l'Aveyron (Mur-de-Barrez).


Origine


Plaque de la rue Vermenouze à Aurillac, porte le nom de l'auteur aurillacois. Le nom en aurillacois, ici Carrièra d'Aurenca, est présent.
Plaque de la rue Vermenouze à Aurillac, porte le nom de l'auteur aurillacois. Le nom en aurillacois, ici Carrièra d'Aurenca, est présent.

Le mot carladézien, pour désigner le dialecte qui est une variante du languedocien parlé en Auvergne, correspond bien à l'aire linguistique de l'ancien Carladez où il était parlé, et semble dater de la période du revivalisme linguistique du mouvement du félibrige à la fin du XIXe siècle[2]. Le milieu universitaire impose actuellement le terme aurillacois (« Orlhagués » en occitan)[3].

Le Carladez et le territoire de l'abbaye d'Aurillac sont des régions de l'Auvergne restées indépendantes du Comté d'Auvergne de l'époque carolingienne à leur rattachement à la Couronne de France au début du XVIe siècle.

Ce fait peut en partie expliquer que cette partie de l'Auvergne ne parle pas l'auvergnat mais bien une variante du languedocien, et que ce parler ait pris très tôt une forme écrite (dans les actes et sentences) et littéraire (chez les troubadours)[4].

En effet, le Carladez ou vicomté de Carlat, qui est le territoire vicarial d'un des cinq comtés secondaires primitifs de l'Auvergne, a très tôt été possédée dès le XIe siècle par les comtes de Rodez puis les comtes de Barcelone, dont le territoire recouvrait une grande partie de l'Occitanie (le Velay, le Rouergue, la Provence, la Narbonnaise, la Catalogne) et dont la cour littéraire fut, avec le Limousin, le principal foyer du mouvement des troubadours.

De son côté, l'abbaye d'Aurillac, dont le territoire est parfois considéré comme un démembrement du Carladez, a été dès le Xe siècle un foyer d'étude, avec un scriptorium et une école très réputés qui ont formé de nombreux clercs et savants de réputation internationale, parmi lesquels Gerbert d'Aurillac. L'abbaye avait une multitude de dépendances qui ne s'étendaient pas vers le Nord-Est (notamment le reste de l'Auvergne), mais bien vers le Sud-Ouest qui correspond sensiblement à l'aire linguistique languedocienne. Bien que son importance démographique soit restée assez limitée, le bassin d'Aurillac a de ce fait pu bénéficier très tôt d'un enseignement littéraire de très grande qualité avec l'école abbatiale, à laquelle s'ajoute au XIIIe siècle l'école des Cordeliers, puis au XVIe siècle l'un des plus anciens collèges des Jésuites. Les filles ont aussi pu bénéficier très tôt d'un enseignement scolaire avec les couvents des bénédictines d'Aurillac et des Clarisses de Boisset.


Particularités


L'aurillacois, ou anciennement « carladézien », désigne traditionnellement le dialecte parlé dans l'ancienne vicomté de Carlat ou Carladès. Cette dénomination tend à être remplacée par celle d'aurillacois qui est définie par les universitaires comme le parler dont l'aire correspond à l'arrondissement d'Aurillac et fait partie du languedocien[5],[6] comme le rouergat et quercynois voisins[7].

Différent de l'auvergnat, l'aurillacois se voyant être une variété septentrionale du languedocien, il se distingue donc aussi des autres parlers cantaliens, qui eux sont des variétés nord-occitanes. C'est le cas du sanfloran (région de Saint-Flour), typiquement auvergnat, qui se rapproche du parler brivadois (région de Brioude) et du parler mauriacois (région de Mauriac) qui quant à lui possède des traits communs avec le dialecte limousin[8]. Le parler aurillacois est par contre très proche du rouergat, parler qui tient également du domaine linguistique du languedocien.

Le linguiste Albert Dauzat attire l'attention sur l'existence des deux espaces linguistiques du Cantal, l'un septentrional qui relève de l'auvergnat et le second méridional, langue des félibres, variante du languedocien septentrional, lorsqu'il remarque: "En Auvergne, il faut voir la physionomie du paysan à qui on récite des vers de Vermenouze, et son ahurissement devant l'orchestration trop savante de son idiome, dont il ne reconnaît plus la simple et primitive mélodie" [...] "Vermenouze ne peut être goûté que dans l'arrondissement d'Aurillac et ses confins"[9].


Revivalisme et mouvement du Félibrige


La Veillée d'Auvergne.
La Veillée d'Auvergne.

En 1894, Arsène Vermenouze (1850-1910) publie le manifeste félibréen qui fonde en l'École Auvergnate (Escolo oubernhato ou Escolo Auvernhato), avec Marcellin Boule (1861-1942), Eugène Lintilhac (1854-1920) et le chanoine Courchinoux, futur directeur du journal aurillacois La Croix du Cantal. Vermenouze est une des figures principales du languedocien aurillacois[10]. L'année suivante, en 1895, les fêtes félibréennes sont organisées à Vic-en-Carladez, les seules qui aient eu lieu en Auvergne. L'École Auvergnate a posé des plaques en marbre blanc avec leur nom écrit en lettres d'or pour signaler les lieux où ont vécu le troubadour Pierre de Vic, à Vic, Auguste Bancharel (1832-1889), à Reilhac,

Leur revue La Cabreta, donnera naissance à La Veillée d'Auvergne (1909-1914), fondée en 1908 au café l'Athénée Saint-Germain, par le Duc de La Salle de Rochemaure (1856-1915), Augustin de Riberolles (1878-1959), Maurice Prax (1880-1902), Eugène de Ribier (1867-1944), Pierre de Nolhac (1859-1936), Raymond Tarbournel (1872-1914/18), Arsène Vermenouze, Charles de Pomairols (1843-1916)[11].

L'orthographe adoptée par ce mouvement, qui comprenait beaucoup d'universitaires et de savants distingués, a l'avantage d'être très proche de l'orthographe des chartes et des actes notariés de la région en langue occitane.


Écriture et graphies


Il existe deux manières d'écrire l'aurillacois :

Arsène Vermenouze, écrivain en Aurillacois.
Arsène Vermenouze, écrivain en Aurillacois.

Importance autrefois et aujourd'hui


Bavardages sur la place d'un bourg d'Auvergne, tapisserie, Victor Fonfreide, 1920.
Bavardages sur la place d'un bourg d'Auvergne, tapisserie, Victor Fonfreide, 1920.

Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux enfants des campagnes entraient à l’école sans savoir parler couramment le français. Leur langue maternelle était le patois, si bien qu’au milieu du XIXe siècle, dans le voisinage même d’Aurillac, certains curés étaient obligés de faire leur prône en dialecte cantalien[12].

C’est surtout les jours de foire et de marché que, lorsque les paysans venaient vendre leurs produits de leur ferme et faire leurs achats que dans les auberges, dans les cafés, sur le foirail, on pouvait se rendre compte que l'occitan restait encore bien vivace et que la région formait une unité linguistique.

Malgré l’école, malgré la caserne, malgré le chemin de fer, c’était toujours le patois qui servait à désigner les particularités de la vie rustique et commerciale ainsi qu'à exprimer, en les maintenant vivaces, les usages, les coutumes, les croyances, les superstitions, les proverbes.

Comme les langues régionales de façon générale, le dialecte aurillacois est menacé de disparition. Avec la télévision, l'accent lui-même est en forte régression.

Il est pratiqué par les plus anciens et il est encore fréquent d’entendre, dans les rues d’Aurillac, les personnes âgées parler aurillacois. La génération du baby boom, encore issue des campagnes, le comprend et le parle. Leurs enfants le comprennent un peu sans le parler. Les cantaliens nés post années 80 qui parviennent à le traduire sont peu nombreux. La population reste cependant très attachée à sa langue, comme le montre l'enquête réalisée en région Auvergne, en 2006, par l'IFOP[13].

Ainsi, depuis quelques années a été créée une école Calendreta bilingue français/occitan, laïque et associative, la Calandreta del Vernhat, située boulevard de Canteloube à Aurillac. Elle compte 41 élèves en 2021[14]. Plusieurs associations occitanes actives existent à Aurillac et dans le Carladès. Celle Carladés abans ! a été créée à la fin des années 2010.

Des maisons d'éditions en dialecte aurillacois existent également à Aurillac comme l'Ostal del libre - lié à la libraire Découvertes Occitanes d'Aurillac - ou encore Lo Convise qui publie également une revue du même nom[15]. Des dictadas, des dictées événements ayant lieu dans tous les territoires occitanophones, en occitan aurillacois sont régulièrement tenues[16] et des réunions sur la défense et promotion de la langue le sont aussi à Aurillac notamment grâce à l'appui de l'Institut d'Estudis Occitans - Orlhagués[17]. Des films en occitan sont également réalisés et diffusés à Aurillac[18].


Bibliographie



Études de philologie



Textes et littérature


Corpus juridique
Littérature courtoise
Textes sacrés
Œuvres dramatiques
Littérature politique et satirique
Littérature
Chansons
Récits, contes, fictions
Livres et recettes de cuisine
Revues et périodiques

Auteurs



Notes et références



Notes



    Références


    1. (oc) « Orlhagués / Aurillacois ; entrée du Diccionari deus noms pròpis (Dictionnaire des noms propores et toponymes en occitan) », sur http://dicesp.locongres.com/ ; Diccionari deus noms pròpis sur le site du Congrès permanent de la lenga occitana (Congrès permanent de la langue occitane), .
    2. La Salle de Rochemaure, La Langue cantalienne et son dialecte carladézien, préface d'Arsène Vermenouze, 1906,
    3. (oc) Domergue Sumien, « Classificacion dei dialèctes occitans », Linguistica occitana - VII, Montpellier, (lire en ligne)
    4. La Salle de Rochemaure, Les troubadours cantaliens.
    5. (ca) Diego Cerezo Moya, A la recerca de l’occità : tres dialectes del nord, (lire en ligne).
    6. (en) Linguasphere Observatory, The Linguasphere Register - The indo-european phylosector, Linguasphere Observatory, 1999-2000 (lire en ligne), p. 402
    7. Jean Sibille, « Quelques glanes lexicales en Haut-Quercy », Revue de linguistique romane, Paris, (ISSN 0035-1458, lire en ligne)
    8. C'est dans cette autre partie du Cantal, qu'a été fait le premier dictionnaire de dialecte de la région: François de Murat, Dictionnaire du patois de la Haute-Auvergne, 1792.
    9. Albert Dauzat, Les Patois (1re éd. 1926), p. 61
    10. Marie-Jeanne Verny, « La littérature occitane dans les manuels scolaires », Lengas - Revue de Sociolinguistique, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée (Université Paul-Valéry), vol. 83, (ISSN 2271-5703, lire en ligne)
    11. D'après Guy Taillade, Conférence au Musée social, 2008.
    12. Dictionnaire statistique, ou Histoire, description et statistique du département du Cantal, tome II, p. 142 et sq. Article sur l'occitan par Pierre de Chazelles.
    13. Enquête (résumé).
    14. Alice Daudrix, « Langues régionales : l'enseignement de l'occitan dans le Cantal est-il menacé ? », sur https://france3-regions.francetvinfo.fr/ ; site officiel de la chaîne télévisée France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon,
    15. Kathryn Klingebiel, Bibliographie linguistique de l'occitan médiéval et moderne (1987-2007), Turnhout (Belgique), Brepols, (ISBN 978-2-503-53104-5)
    16. (oc) « La 23a Dictada Occitana se tendrà lo 1r de febrièr », Jornalet, Toulouse, Barcelone, Associacion entara Difusion d’Occitània en Catalonha, (ISSN 2385-4510, lire en ligne)
    17. (oc) « Orlhac: l’Institut d’Estudis Occitans fa son amassada generala aquesta dimenjada », Jornalet, Toulouse, Barcelone, Associacion entara Difusion d’Occitània en Catalonha, (ISSN 2385-4510, lire en ligne)
    18. (oc) « Orlhac : presentacion del filme Lo paure Baptista », Jornalet, Toulouse, Barcelone, Associacion entara Difusion d’Occitània en Catalonha, (ISSN 2385-4510, lire en ligne)
    19. Jean-Paul Delbert, "Raymond Four, "Prêtre et félibre cantalien", 1984
    20. "Étienne Marcenac, le Lamartine des bruyères du Cantal", 1985, Félix Bonafé

    Voir aussi



    Articles connexes



    Liens externes





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