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La langue romane d'Afrique du Nord ou roman africain est une langue romane éteinte qui a été parlée en Afrique du Nord. Ses locuteurs s'appelaient les romano-africains.

Langue romane d'Afrique du Nord
lingua Afroromanica
Période du Ier siècle av. J.-C. au XIVe siècle[1],[2]
Région Afrique romaine (Maroc, Tunisie, Algérie, Ouest-Libyen actuels)
Classification par famille
Type éteinte

Esquisse d'histoire


Le roman africain évolua à partir du latin populaire parlé en Afrique du Nord. Il fut plus tard supplanté par l'arabe et les langues berbères après la conquête musulmane.

Cette langue intégrait dans son vocabulaire, en plus de ceux du latin vulgaire, des mots issus de dialectes berbères et puniques et du grec.

La majorité des historiens estiment que cette langue s'est éteinte entre les XIIe et XIVe siècles. Al-Idrissi, au XIIe siècle écrit : « Les habitants [de Gafsa] sont berbérisés et la plupart parlent le latino-africain[3] ». D'après Ibn Khaldoun, au XIVe siècle, on parlait encore à Gafsa une langue similaire aux langues romanes et dérivée du latin.


Caractéristiques


L'exarchat de Carthage au sein de l'Empire byzantin après la reconquête de Justinien (585-698).
L'exarchat de Carthage au sein de l'Empire byzantin après la reconquête de Justinien (585-698).

La variété parlée du roman africain, telle qu'enregistrée par Paolo Pompilio (it), était perçue comme similaire à la langue sarde[4] - confirmant les hypothèses selon lesquelles il y avait des parallélismes entre les développements du latin en Afrique et en Sardaigne[4].

Augustin d'Hippone écrit « Afrae aures de correptione vocalium vel productione non iudicant » : « Les oreilles africaines ne font pas de différence, à l'oreille et au parler, entre les voyelles courtes [et longues][5] ». Remarque qui décrit également l'évolution des voyelles dans la langue sarde, qui n'a que cinq voyelles (et pas de diphtongues) : au contraire des autres langues romanes survivantes, les cinq voyelles longues et courtes du latin classique (a/ā, e/ē, i/ī, o/ō, u/ū) ont fusionné en cinq voyelles sans longueur (a, e, i, o, u). Le témoignage d'Augustin sur la façon dont ōs "bouche" en latin était pour les oreilles africaines indiscernable de ŏs "os" indique la fusion des voyelles et la perte de la distinction de qualité allophonique originale dans les voyelles.

En partant de la similitude de l'art roman africain avec le sarde, les chercheurs théorisent que cette similitude peut être attribuée à des propriétés phonologiques spécifiques. Le sarde manque de palatation des arrêts vélaires avant les voyelles frontales, et présente la fusion par paire de voyelles courtes et longues non basses.

Adams émet l'hypothèse que des similitudes dans certains vocabulaires, tels que spanus dans le roman africain et spanu en sarde ("rouge clair"), pourraient prouver qu'il y avait un certain partage de vocabulaire entre la Sardaigne et l'Afrique[6]. Une autre théorie suggère que le mot sarde pour "vendredi" - chenápura ou cenápura - a pu être apporté en Sardaigne depuis l'Afrique par des Juifs d'Afrique du Nord[7].

Muhammad al-Idrisi dit aussi des autochtones de l'île que "les Sardes sont ethniquement des romano-africains (Rūm Afāriqa), vivent comme les Berbères, fuient toute autre nation de Rûm ; ces gens sont courageux et vaillants, ils ne se séparent jamais de leurs armes"[8],[9].

Le linguiste italien Vermondo Brugnatelli signale quelques mots berbères ayant trait à des sujets religieux, comme étant originellement latins : par exemple, à Ghadames la population appelle « äng'alus » (ⴰⵏⵖⴰⵍⵓⵙ, أنغلس) une entité spirituelle, utilisant de toute évidence un mot tiré du latin « angelus » (ange).

L'arabisant polonais Tadeusz Lewicki (pl), en 1958, a essayé de reconstruire quelques sections de cette langue sur la base de 85 lemmes dérivés principalement des toponymes nord-africains et des anthroponymes trouvés dans des sources médiévales. Après lui, plusieurs autres auteurs se sont aventurés dans la quête pour trouver au moins quelques parties de cette langue éteinte.

Il faut dire que la présence en Afrique du Nord du latin classique, des langues néo-latines modernes, ainsi que l'influence de la lingua franca (avec un vocabulaire basé sur le roman), rend très difficile de discerner l'origine précise de tel ou tel mot en berbère ou dans l'arabe maghrébin.

En général, les termes d'origine romano-africaine sont considérés comme :

Les études sur la langue romane en Afrique sont difficiles et souvent très conjecturales. Une autre difficulté vient du fait que, étant donné l'immensité du territoire nord-africain, il est très probable qu'il ne s'en est pas développé qu'une seule variété, mais qu'il existe plusieurs langues romanes d'Afrique, tout comme il existe de nombreuses langues romanes d'Europe[10].

L'existence de « duplicats » entre les mots du roman en Afrique du Nord permet dans de nombreux cas de supposer qu'ils proviennent de différentes langues romanes ou qu'ils remontent à des âges différents. Par exemple :


Notes et références



Notes



    Références


    1. Un témoignage humaniste sur la latinité africaine et le grec parlé par les « Choriates » : Paolo Pompilio. p. 244-245.
    2. Gafsa and the African neolatin language.
    3. Cité par Souag : « وأهلها متبربرون وأكثرهم يتكلّم باللسان اللطيني الإفريقي. ».
    4. «ubi pagani integra pene latinitate loquuntur et, ubi uoces latinae franguntur, tum in sonum tractusque transeunt sardinensis sermonis, qui, ut ipse noui, etiam ex latino est» ("Où les villageois parlent un latin presque intact et, lorsque les mots latins sont corrompus, ils passent au son et aux habits de la langue sarde, qui, comme je le sais moi-même, provient également du latin."). Loporcaro, Michele (2015). Vowel Length from Latin to Romance. Oxford studies in diachronic and historical linguistics. 10. Oxford University Press. (ISBN 9780199656554). P.48
    5. De doctrina christiana (en), livre IV, chap. 10.
    6. Adams, J.N. (2007). The Regional Diversification of Latin 200 BC - AD 600. Cambridge University Press. (ISBN 978-1139468817). P.569
    7. Adams, J.N. (2007). The Regional Diversification of Latin 200 BC - AD 600. Cambridge University Press. (ISBN 978-1139468817). P.566
    8. Mastino, Attilio (2005). Storia della Sardegna Antica. Edizioni Il Maestrale. (ISBN 8886109989). P.83
    9. Contu, Giuseppe (2005). Sardinia in Arabic sources. Annali della Facoltà di Lingue e Letterature Straniere dell'Università di Sassari. 3: 287–297. ISSN 1828-5384
    10. Franco Fanciullo, Un capitolo della Romania submersa : il latino africano, p. 162-187.

    Voir aussi



    Bibliographie



    Articles connexes



    На других языках


    [en] African Romance

    African Romance or African Latin is an extinct Romance language that was spoken in the Roman province of Africa by the Roman Africans during the later Roman and early Byzantine Empires, and several centuries after the annexation of the region by the Umayyad Caliphate in 696 AD. African Romance is poorly attested as it was mainly a spoken, vernacular language, a sermo rusticus.[1] There is little doubt, however, that by the early 3rd century AD, some native provincial variety of Latin was fully established in Africa.[2]

    [es] Lengua romance africana

    El romance africano es una lengua romance extinta o una variedad de protorromance que se habló en la provincia romana de África y tal vez otras provincias cercanas, durante el período romano y los primeros tiempos del Imperio bizantino hasta la anexión por el califato Omeya en el 696.[1]
    - [fr] Roman africain

    [it] Lingua romanza d'Africa

    La lingua romanza d'Africa è una lingua romanza estinta, che si ipotizza fosse parlata dai Romani d'Africa nell'odierno Maghreb nell'Alto Medioevo e probabilmente in alcune isole linguistiche fino al XVII secolo. Il periodo in cui si suppone fosse maggiormente diffusa va dalla caduta dell'Impero romano d'Occidente fino alla conquista omayyade del Nord Africa, nel 698, passando per le dominazioni vandala e bizantina. È probabile l'uso di questa lingua fino al tardo medioevo[1]. Si conosce molto poco di questo idioma, anche considerando che tutte le iscrizioni e i testi di quel periodo in Nordafrica sono in lingua latina.

    [ru] Латинский язык в Африке

    Лати́нский язы́к в А́фрике или А́фриканская латы́нь — вымерший романский язык, на котором говорили в римской провинции Африка афро-римляне во времена поздней Римской и ранней Ромейской империях, а также через несколько столетий после аннексии региона Омейядским халифатом в 696 году нашей эры. Африканская латынь плохо засвидетельствована, поскольку это был в основном разговорный народный язык, sermo rusticus[1]. Однако нет никаких сомнений в том, что к началу III века нашей эры в Африке полностью утвердилась некоторая местная провинциальная разновидность латыни[2].



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