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Le flamand français (autonyme : Fransch Vlaemsch, /frãnʃ flamʃ/) ou flamand de France (Vlaemsch van Frankryke, /vlamʃ fãn frankrik/) est la variété du flamand occidental qui est traditionnellement utilisée en France dans le département du Nord. D'autre part, ce dialecte est subsistant dans quelques localités du Pas-de-Calais au XIXe siècle.

Flamand français ou Flamand de France
Fransch Vlaemsch ou Vlaemsch van Frankryk
Pays France
Région Hauts-de-France, dans le département du Nord
Nombre de locuteurs Entre Dunkerque et l'ouest de Lille :
60 000 (1999)[1]
177 950 (1830)[2]
Nom des locuteurs flamandophones français ou flamandophones de France
Typologie accentuelle flexionnelle Langue vernaculaire
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Une des langues régionales de France
Régi par Institut de la langue régionale flamande
Codes de langue
IETF nl[3]
ISO 639-1 nl[3]
ISO 639-2 dut[3], nld[3]
ISO 639-3 nld [3]
Linguasphere 52-ACB-agd
Glottolog fran1265
Échantillon
Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (en français)

Alle menschelykken weezen te wereld kommen vry en gelyk in waerdigheyd en in rechten.

Ze zyn begaefd mit verstand en geweeten en moeten elkander in een geest van broederlyke vriendschap handelen.
Carte

Zone du flamand français (Frans-Vlaams).

D'après l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le nombre de ses locuteurs est de 60 000 en 1999, soit une forte baisse par rapport à 1806, date à laquelle l'enquête linguistique de Montbret en compte 156 973[N 1].


Statut et spécificités


Il est officiellement reconnu par la République française comme l'une des langues régionales de France. Bien que référencé par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) sous le nom de « flamand occidental », le flamand français se différencie du flamand occidental, dont il est un dialecte, stricto sensu par certains éléments de sa grammaire, de sa prononciation (par exemple, le phonème /ʃ/ n'existe pas en néerlandais standard) et par sa graphie, restée traditionnelle et fidèle au vieux flamand de la région (par exemple, maintien de  ae , prononcé /ɒː/ ou /ɔː/, qui correspond au néerlandais standard  aa , lui prononcé /aː/).

Par ailleurs, l'Institut de la langue régionale flamande (ANVT) fédère des associations et des élus de l'arrondissement de Dunkerque (de Dunkerque à Armentières) et a pour objectifs généraux de sauvegarder, transmettre et promouvoir le flamand français dans la vie sociale, culturelle et économique mais aussi d'obtenir des pouvoirs publics qu'il puisse être enseigné en tant que langue régionale de France.


Histoire


L'ancêtre du flamand était autrefois parlé dans l'actuelle France métropolitaine sur une aire bien plus étendue qu'au XXIe siècle (voir carte ci-avant). Cela se reflète aussi dans la toponymie du Nord-Pas-de-Calais, comme une ville comme Wissant, où on reconnait facilement le « Witsant » flamand (sable blanc).

Les chambres de rhétorique attestent d'une vie intellectuelle en flamand en Flandre française. Ces sociétés créées au XVe siècle organisaient les fêtes religieuses dans les villes et villages (celle d'Eecke date de 1542). Elles organisaient des concours pour « maintenir la pureté de la langue flamande dans sa forme et sa prononciation » et promouvoir la poésie en flamand. Ces concours étaient publics[4]. Certaines chambres ont subsisté jusqu'au XIXe siècle, voire jusqu'au XXe siècle dans le cas de la chambre restaurée d'Eecke.

Natif de la Flandre française, le poète et dramaturge Michel de Swaen est un écrivain néerlandophone du XVIIe siècle. Dans ses pièces, les gens du peuple parlent en flamand alors que les nobles parlent une forme écrite fortement influencé par le brabançon et le hollandais.


XIXe siècle


Au début du XIXe siècle, dans l'arrondissement de Dunkerque et dans celui d'Hazebrouck[N 2], toutes les communes sont de langue flamande, à l'exception de trois communes de l'arrondissement de Dunkerque qui sont exclusivement de langue française, à savoir : Gravelines, Loon et Mardick[5], ainsi que dix communes de l'arrondissement d'Hazebrouck qui sont pareillement uniquement de langue française, à savoir : Blaringhem, Boeseghem, Thiennes, Haverskerque, Merville, La Gorgue, Estaires, Neuf-Berquin, Steenwerck et Nieppe[5]. Par ailleurs, à Holque et Saint-Momelin on parle aussi français mais en concurrence avec le flamand et, dans l'arrondissement de Lille, il n'y a que la commune de Wervicq-Sud qui est de langue flamande à cette époque[5].

Selon une lettre du préfet du , sur les 671 communes du département du Nord, 99 sont flamandes et 572 sont françaises[5]. Toujours en 1806, il y aurait eu 155 712 locuteurs du flamand dans le département du Nord et 1 261 dans le Pas-de-Calais[2]. En 1807, d'après une lettre d'un sous-préfet, les habitants des communes de Clairmarais, Ruminghem et des faubourgs de Saint-Omer continuent de parler leur « flamand corrompu ». Ils s'en servent avec le français qu'ils pratiquent plutôt que leur flamand  [sic][5].

D'après Abel Hugo, vers 1835, la langue flamande était la langue usuelle dans les arrondissements d'Hazebrouck et de Dunkerque. Cependant, tous les habitants connaissaient et parlaient aussi le français, ce dernier point étant une conquête de la révolution. Cinquante ans auparavant, on ne trouvait pas en Flandre un fermier sur vingt qui pût s'exprimer autrement que dans son idiome maternel[6].

En 1845, dans le Pas-de-Calais, les localités de Clairmarais, Saint-Folquin, le Haut-Pont, Saint-Omer-Cappelle, Oye, Ruminghem et Vieille-Église, étaient des lieux où l’on parlait encore flamand[7].

La Commission historique du département du Nord, en 1845, et le Comité flamand de France, d'une manière plus complète, en 1857, ont constaté la situation linguistique dans le nord de la France. Il en résulte que sur 59 communes, dont se composait l'arrondissement de Dunkerque, 40 parlaient exclusivement flamand ; 2 exclusivement français ; 5 flamand et Français, le flamand dominant ; 13 français et flamand, le français dominant[8].

Avant leur incorporation définitive à la France, les habitants de l'arrondissement de Dunkerque parlaient exclusivement la langue flamande. Cet état de choses ne s'était pas considérablement modifié en 1862. Une notable partie de la population connaissait la langue française en 1862 ; mais le plus grand nombre des habitants et surtout ceux qui appartenaient à la classe ouvrière et agricole, continuaient de parler flamand à cette époque[8].

Vers 1863, la langue parlée par les habitants de l'arrondissement d'Hazebrouck, et principalement par la classe ouvrière et agricole, était la langue flamande. Il résulte d'un travail statistique établi en 1857, que sur cinquante-trois communes dont se composait l'arrondissement, trente et une parlaient exclusivement flamand ; huit exclusivement français ; onze flamand et français, le flamand dominant ; et trois français et flamand, le français dominant[9].


XXe et XXIe siècles


Le Potjevleesch signifie « petit pot de viandes » (pot signifie « pot », -je est un suffixe diminutif et vleesch signifie « viande » en flamand occidental).
Le Potjevleesch signifie « petit pot de viandes » (pot signifie « pot », -je est un suffixe diminutif et vleesch signifie « viande » en flamand occidental).

En 1972, Alex Vanneste réalise une nouvelle étude de la situation linguistique dans l'arrondissement dunkerquois[10], il en résulte que la langue française a gagné du terrain par rapport à 1874[11] puisque toutes les communes anciennement bilingues avec une majorité francophone sont désormais unilingues français.

En 1978, radio Uylenspiegel est créée à Cassel[12], d'abord comme radio pirate puis sur la FM en 1982, avec pour vocation de promouvoir la langue et la culture flamandes. En 2002, 10 % de ses émissions sont diffusées en flamand[13]. De plus, trois revues régionales, à savoir Platch'iou (1981-2000)[14], Revue de l'Houtland (1979-2001)[15] et Yser houck (depuis 1989)[16], consacrent régulièrement des articles à divers aspects du flamand en France et comprennent des textes en flamand régional ou en néerlandais.

D'après l'enquête de l'INSEE menée conjointement avec le recensement de 1999, la langue flamande, qui concerne plus ou moins 60 000 locuteurs de plus de 18 ans, est surtout déclarée par les générations les plus anciennes. La proportion de locuteurs est divisée par 13,3 pour le flamand, entre les gens âgés de plus de 60 ans et les moins de 25 ans[17]. Le taux de conservation de la langue flamande, défini comme la proportion des adultes ayant entendu leurs parents parler le flamand et qui eux aussi l'utilisent, fût-ce occasionnellement, est de l'ordre du tiers (33 %), cette proportion atteint 42 % chez les agriculteurs. Le chiffre de 33 % comme taux de conservation implique celui de 11 % seulement de conservation après deux générations, c’est-à-dire en plus ou moins 60 ans. Parmi les flamandophones, une grosse moitié appartiennent aux catégories des ouvriers et des employés, et 11 % sont agriculteurs[17].

Au début du XXIe siècle, le flamand français n'est plus guère parlé que dans l'arrondissement de Dunkerque, jusqu'à Armentières, à l'ouest de Lille (la « capitale des Flandres »). Dans les années 1980 et 1990, grâce à l'action de l'association Tegaere Toegaen, le flamand français est enseigné dans plusieurs collèges, comme LV3 « langue et culture régionale flamande » ou en club, ainsi que dans quelques écoles primaires. Dans les années 1990, une « option flamand » est proposée à l'École normale. Depuis le milieu des années 2000, à la demande de l'Institut de la langue régionale flamande, le flamand est de nouveau enseigné en primaire dans quelques établissements dans le cadre d'une expérimentation.

De nouvelles perspectives pour le « sauvetage » du flamand de France s'ouvrent avec l'Office public du flamand-occidental dont la création a été votée le par la commission permanente du Conseil régional des Hauts-de-France[18]. Cet office est le cinquième du genre en France après celui de la langue basque[19] (GIP créé en 2004), celui de la langue bretonne (EPCC créé en 2010), celui de la langue occitane[20] (EPCC créé en 2015) et celui de la langue catalane (GIP créé en 2016).


Notes et références



Notes


  1. Plus précisément, 155 712 locuteurs dans le département du Nord et 1 261 dans celui du Pas-de-Calais.
  2. L'arrondissement d'Hazebrouck a été supprimé en 1926 et fusionné avec celui de Dunkerque.

Références


  1. INSEE, chiffres de 1999, dans Population et sociétés, bulletin mensuel de INED, no 376, février 2002.
  2. Mélanges sur les langues, dialectes et patois, Paris, 1831 (BNF 30704589)
  3. code générique
  4. G. Vermes, Vingt-cinq communautés linguistiques de la France, t. 1, L'Harmattan, 1988, p. 181-182.
  5. Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française : des origines à 1900, tome 9, 1927.
  6. Abel Hugo, France pittoresque, tome 2, 1835.
  7. Annales du Comité flamand de France, tome III, 1856-1857.
  8. Statistique archéologique du département du Nord : arrondissement de Dunkerque, Extrait du bulletin de la Commission historique du département du Nord, tome VI, Lille, 1862.
  9. Bulletin de la Commission historique du Département du Nord, tome 7, 1863.
  10. (nl) Alex Vanneste, Taaltoestand in Frans-Vlaanderen, Ons Erfdeel, 1972.
  11. Johann Winkler, Algemeen nederduitsch en friesch dialecticon, Nijhoff, 1874.
  12. Pascal Vanbemeersch, Une radio libre en Flandre : Radio Uylenspiegel, Westhoek éditions, 1979 (ISBN 2903077037 et 9782903077037)
  13. Xavier Crettiez, La France rebelle, Michalon, 2002 (ISBN 2841861783 et 9782841861781)
  14. (ISSN 0291-2546)
  15. (ISSN 0240-6136)
  16. (ISSN 1269-1186)
  17. Insee Nord-Pas-de-Calais, Profils, no 1, mars 2004 (ISSN 1269-0260) (lire en ligne)
  18. Geoffroy de Saint-Gilles, « La Région se met enfin au flamand », La Voix du Nord, (lire en ligne)
  19. « Accueil - OPLB : Office public de la Langue Basque - Pays Basque -  », sur OPLB Office Public de la Langue Basque - Pays Basque - EEP - Euskararen Erakunde Publikoa - Euskal Herria (consulté le ).
  20. « Accueil - Ofici Occitan », sur Ofici Occitan (consulté le ).

Voir aussi



Bibliographie



Apprentissage


Dictionnaires


Articles connexes



Liens externes



На других языках


[de] Französisch-Westflämisch

Französisch-Westflämisch (Eigenbezeichnung Fransch Vlaemsch, niederländisch Frans-Vlaams, französisch flamand français) ist ein Sammelbegriff für verschiedene westflämische Dialekte, die auf dem Gebiet des heutigen Frankreichs gesprochen werden. In der älteren germanistischen Literatur sind diese flämischen Dialekte unter den Bezeichnungen Westhoekflämisch (Eigenbezeichnung Westhoek Vlaemsch) und Südflämisch summiert worden. Im allgemeinen deutschen Sprachgebrauch ist die Bezeichnung „Westhoekflämisch“, neben der Bezeichnung „Flämisch“, am geläufigsten.

[en] French Flemish

French Flemish (French Flemish: Fransch vlaemsch, Standard Dutch: Frans-Vlaams, French: flamand français) is a West Flemish dialect spoken in the north of contemporary France. Place names attest to Flemish having been spoken since the 8th century in the part of Flanders that was ceded to France at the 1659 Treaty of the Pyrenees, and which hence became known as French Flanders. Its dialect subgroup, called French Flemish, meanwhile, became a minority dialect that survives mainly in Dunkirk (Duinkerke in Dutch, Duunkerke in West Flemish, "dune church"), Bourbourg (Broekburg in Dutch), Calais (Kales), Saint-Omer (Sint-Omaars) with an ethnic enclave Haut-Pont (Haute-Ponte) known for its predominantly Flemish community[3] and Bailleul (Belle). French-Flemish has about 20,000 daily users, and twice that number of occasional speakers. The language's status appears to be moribund,[4] but there has been an active movement to retain French Flemish in the region.[1]
- [fr] Flamand de France

[ru] Французско-западнофламандский диалект

Французско-западнофламандский диалект (нем. Französisch-Westflämisch; самоназвание: Vlaemsch или Westhoekflämisch) — собирательное название для всех фламандских диалектов, которые распространены на территории современной Франции в области Французская Фландрия. В старой языковедческой традиции используется понятие «южнофламандский диалект» (Südflämisch).



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