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Le gaulois (autrefois appelé gallique[1]) est une langue celtique, du groupe celtique continental, utilisée par les Gaulois jusqu'au Ve siècle[2],[3]. En effet, contrairement au basque, autre langue parlée en Gaule et qui subsiste encore aujourd'hui, la langue gauloise a complètement disparu lors de la romanisation du territoire.

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Gaulois
Période vers 300 av. J.-C. jusqu'au VIe siècle
Région Gaule
Typologie supposée SVO, flexionnelle
Classification par famille
Codes de langue
IETF xcg, xtg, xga, xlp
ISO 639-3
Variétés :
xtg  gaulois transalpin
xcg  gaulois cisalpin
xga  galate
xlp  lépontique
Glottolog tran1289

Les connaissances liées à cette langue sont lacunaires car les Celtes ont privilégié l’oralité et la mémoire pour la transmission des connaissances.

La langue gauloise est considérée comme éteinte depuis le VIe siècle, mais de nombreux mots subsistent dans certaines langues d'Europe[4] et surtout dans la toponymie[5].


Connaissances


On ne connaît que peu de choses de la langue des Gaulois, dont les attestations sont très parcellaires et généralement recueillies sur des objets votifs, à l'exception de trois pièces majeures : les plombs du Larzac, de Chamalières et de Lezoux. On a aussi retrouvé un grand calendrier à Coligny, dans l'Ain, comportant de nombreux mots gaulois[6]. Cependant la théorie ethnolinguistique (Stammbaumtheorie (de)) d'August Schleicher la reconstruit en tant que proto-langue.


Usage de l'écriture


Les Gaulois, de tradition orale, n'utilisaient pas un alphabet propre mais ont emprunté celui des Grecs, des Étrusques ou des Latins auxquels ils ajoutaient des lettres, comme le tau gallicum, pour transcrire les sons absents de ces langues. La rareté des attestations écrites serait due à une particularité religieuse[7] : outre le fait que la « parole écrite est morte », Jules César note dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules que les vers appris auprès des druides ne doivent pas être écrits[8].


Variété régionale


Selon les régions, les Gaulois parlaient vraisemblablement plusieurs dialectes d'une seule langue celtique bien que l'idée du gaulois régional ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle[9]. Les régiolectes ont certainement côtoyé des populations de langues préceltiques hétérogènes, du moins dans certaines régions, notamment dans le sud, qui occupaient des zones importantes et dont il ne reste de traces que dans de rares inscriptions et dans l'onomastique (pour le « ligure », par exemple, les noms en -asc/osc : Manosque, etc.). Il paraît impossible de connaître l'influence de ces substrats sur la régionalisation et l'évolution du gaulois (à ce sujet, on pourra consulter l'article sur la toponymie française).

Alors que la langue gauloise présente une grande homogénéité dans les inscriptions de l'Angleterre jusqu'à l'Italie du Nord[10], quelques traits régionaux sont décelables :


Parenté et dérivés


Le gaulois fait partie du groupe celtique continental appartenant à la famille indo-européenne et dont toutes les langues sont aujourd'hui éteintes, même si quelques mots subsistent dans certaines langues d'Europe et surtout dans la toponymie (noms de villes en -euil, -jouls, etc.). Toutefois, le gaulois semblait posséder plusieurs étymons pour désigner ou qualifier un même sujet ; quelques exemples : alauda et coredallus signifiaient « alouette », bo, bou ou oxso pouvait désigner « un bœuf » ou « une vache », volco et singi pouvait être « le faucon », baidos, eburo et turcos « le sanglier », dallo (cf. breton dall) et exsops mot à mot « sans yeux » pouvait signifier « aveugle », suadus, minio ou meno et blando représentaient le mot « doux », le mot « ami » était rendu par ama, amma, ammi ou amino et caru, caro ou caranto, pour bouche on retrouve bocca, gobbo, genu (breton :genoù, latin idem, utilisé pour désigner « genou » par la suite), et manto ou manti (signifiant aussi « mâchoire » ou « mandibule ») , et ainsi de suite.

À une époque, certains ont tenté, à la suite de François Falc'hun, d'expliquer les particularités du dialecte vannetais du breton par l'influence d'un substrat gaulois. Aujourd'hui, la plupart des linguistes ont rejeté cette hypothèse et expliquent, a contrario, certaines de ces particularités dialectales par l'existence d'un substrat gallo-romain plus important dans la région de Vannes.

D'autres chercheurs contemporains, comme le professeur Hervé Le Bihan, qui dirige le département de breton et celtique à l'Université Rennes-II, ont montré qu’il y a communauté linguistique entre le gaulois et les langues brittoniques. Le gaulois n’avait pas totalement disparu en Bretagne armoricaine, surtout à l’ouest du territoire, zone isolée, alors que l’est était en voie de romanisation. Cette communauté linguistique entre le gaulois, langue antique dont des éléments résiduels sont indéniables dans le breton, et le breton, langue brittonique venue de l’île de Bretagne, est dénommée désormais groupe gallo-brittonique. Cependant, il n’y a pas véritablement de continuum entre le breton et le gaulois, et il y a bien là un hiatus chronologique. Au moment où naît l’un, l’autre est pratiquement éteint[11].

L'une des langues les plus proches du gaulois était le galate, dont il ne reste que peu de traces. Une remarque de saint Jérôme vers 387 dans un commentaire sur l'Épître aux Galates de saint Paul évoque le fait que les Trévires parlaient presque la même langue que les Galates[12]. Leur langue, morte également, est classée dans le même groupe celtique continental que le gaulois, le lépontique et le celtibère, ces derniers connus par quelques inscriptions[10].


Postérité


Alors que le latin est la langue de l'élite romaine ou romanisée, et la langue littéraire, juridique et administrative de la Gaule, le gaulois, de tradition orale puisqu’il ne s’écrivait pas ou peu, continue d'avoir une fonction de langue d’échange jusqu'au IIIe siècle dans les centres urbains qui ont connu un essor rapide sous les Romains et encore postérieurement comme langue quotidienne dans les milieux ruraux, notamment ceux éloignés des grands centres de romanisation que sont les villes et la Méditerranée. On ignore jusqu’à quel point la langue gauloise a pu influencer le français. Son apport lexical se réduirait à une centaine de mots courants[13], dont une partie proviendrait d’emprunts du latin au gaulois. Il se manifeste surtout par des mots attachés au terroir (tels que char/charrue, arpent, auvent, bâche, balai, béret, borne, alouette, bruyère, bouleau, chêne, if, druide, chemin, suie, caillou, galet, marne, mégot, soc, etc.), aux produits qui intéressaient peu le commerce romain (tels que ruche[14], mouton, crème, raie, tanche, vandoise, tonneau[15], jarret, etc.) ou aux toponymes (voir toponymie française)[16] :


Phonologie


Le système phonologique du gaulois est assez bien connu dans son ensemble, à l'exception de l'accentuation[10].


Voyelles


Les voyelles gauloises sont les suivantes : /a/, /e/, /i/, /o/ et /u/ ; lesquelles ont également une forme longue : /aː/, /eː/, /iː/, /oː/ et /uː/. La graphie ne distingue pas les voyelles longues des brèves, sauf pour /iː/ qui est parfois noté « ει » ou « ί » dans des inscriptions en alphabet grec, en alternance avec ι (i)[17].

Il existe également des diphtongues : « au », « ou », « eu », dont la prononciation est interprétée comme étant : /au̯/, /ou̯/ et /eu̯/[17]. Cette dernière, considérée comme archaïque, est devenue /ou̯/ en gaulois classique.

De même, la diphtongue /ai̯/ du gaulois archaïque est devenue /iː/ en gaulois classique. On ne la trouve que dans désinences, par exemple le datif singulier en « -αι » (-ai), devenu « -i » dans les inscriptions en alphabet latin.

Les diphtongues /ei̯/ et /oi̯/ sont apparues tardivement. Par exemple, sous l'effet de la disparition de consonnes intervocaliques (-v-, -g-), boii « les Boïens » proviendrait ainsi de *Bogii.


Consonnes


Les consonnes gauloises sont les suivantes. Du fait des contraintes liées à l'alphabet italique, les consonnes occlusives sourdes et sonores ne sont pas distinguées dans les inscriptions gauloises l'utilisant[18].

bilabiales alvéolaires vélaires palatales
occlusives sourdes p t k
occlusives sonores b d g
fricatives s x/ʃ
affriquées t͡s
spirantes l w j
nasales m n
roulées r

Il existe certaines modifications, ainsi :


Alphabets


L'alphabet gallo-étrusque du gaulois cisalpin manque de précision pour noter la prononciation en notamment ne pas distinguant les consonnes occlusives sourdes et sonores (/t/ de /d/ et /k/ de /g/). L'alphabet gallo-grec, diffusé à partir de Marseille, a adapté l'alphabet grec, qui sera supplanté par une adaptation de l'alphabet latin[10].

Alphabet latin Alphabet grec Alphabet celto-étrusque Valeur
a α
ά
𐌅 /a/ ; /aː/
b β /b/
c
q[alpha 1]
ϰ 𐌊 /k/
d δ 𐌗 /d/

đ
ϑ
θ
𐌑 (en tant que variante des formes ᛗ et ᛞ) /t͡s/ ou /s⁀t/
e ε 𐌄 /e/ ; /eː/
f [alpha 2] [?]
g 𐌙
𐌊
/g/
i
í
ι
ί
𐌉 /i/ ; /iː/ ; /j/
l λ 𐌋 /l/
m μ 𐌌 (dont la variante 𐌑) /m/
n ν 𐌍 /n/
o ο 𐌏 /o/ ; /oː/
p π /p/
r ρ 𐌃 /r/
s σ[alpha 3]
ς[alpha 4]
𐌔 /s/
t τ 𐌕
𐌗
/t/
u υ
ου
ωυ
οου
ύ
𐌖 /u/ ; /uː/ ; /w/
x χ
ξ (en finale)
𐌙 /x/
  1. N'apparait que dans très peu d'inscriptions en concurrence avec le c et n'est pas utilisé en dehors de ces cas.
  2. « f » est très incertain. X. Delamarre le cite deux fois à « frogna » et « frut(u)a » comme variante du groupe « sr- » en initiale.
  3. Il s'utilise en début ou dans le mot.
  4. Il s'utilise en finale.

Grammaire



Morphologie


Moulage d'une plaque écrite en gaulois (Rodez, Musée Fenaille. Époque gallo-romaine. Site de Flavin, dans l'Aveyron).
Moulage d'une plaque écrite en gaulois (Rodez, Musée Fenaille. Époque gallo-romaine. Site de Flavin, dans l'Aveyron).

La rareté des documents écrits explique qu'il soit très difficile de reconstituer la morphologie de la langue gauloise.


Déclinaisons

Le gaulois avait une déclinaison à six ou sept cas : nominatif, accusatif, génitif, datif, vocatif et instrumental/sociatif ; l'existence d'un locatif est supposée pour la déclinaison des thèmes en -o-[22].

La déclinaison, pour ce qu'on en connaît, rappelle fortement celles du grec et du latin.


Thème en -o/-e

Le thème en -o est le mieux attesté et correspond à la seconde déclinaison du latin et du grec. Comme les langues romanes modernes, les langues celtiques modernes n'ont plus de neutre, d'où la difficulté de définir le genre de bon nombre de termes gaulois.

Ce thème se décline ainsi (exemples : uiros « homme » (masc.) et nemeton « sanctuaire » (neutre))[23],[24] :

uiros « homme » (masc.) nemeton « sanctuaire » (neutre)
singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1] singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif uiros L-14, etc. uiroi (archaïque)
uiri
archaïque : G-123, etc.
L-12, etc.
nemeton
nemetom
L-98, L-66, etc. nemeta L-50, L-51, etc.
accusatif uiron
uiro (tardif)
L-100, etc.
tardif : L-7
uirus L-32, etc. nemeton
nemeto (tardif)
L-100, etc.
tardif : L-7
nemetus L-32, etc.
génitif uiri L-13, etc. uiron
uirom
L-100, etc. nemeti E-5, L-13, etc. nemeton
nemetom
L-100, etc.
datif uirui (ancien)
uiru (tardif)
ancien : G-208, G-70, etc.
tardif : L-51, L-9, etc.
uirobo L-15, etc. nemetui (ancien)
nemetu (tardif)
ancien : G-208, G-70, etc.
tardif : L-51, L-9, etc.
nemetobo L-15, etc.
instrumental / sociatif uiru L-51, G-154, etc. uirus G-153, L-14, etc. nemetu L-51, G-154, etc. nemetus G-153, L-14, etc.
locatif uire L-79 [?] [?] nemete L-79 [?] [?]
  1. Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.

Le génitif en -i paraît être une innovation commune aux langues indo-européennes occidentales (latin, celte), mais c'est aussi le génitif le plus commun en arménien.


Thème en -a

Le thème en -a correspond à la première déclinaison latine et grecque. Il se double de thèmes en -i/-ia que l'on retrouve en sanskrit. En gaulois tardif, les deux thèmes tendent à fusionner. Ces thèmes se déclinent ainsi (touta « peuple »)[23],[24] :

Déclinaison des noms de thème en -a, exemple : touta « peuple »
cas singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif touta Glose du IXe toutas
toutias
La Graufesenque
vocatif touta L-119 *toutas Forme reconstruite (non-attestée).
accusatif toutan (archaïque)
toutin
toutim
touti
E-5
Bath
Larzac
L-93
toutas L-98
génitif toutas
toutias
E-1 (archaïque selon X. Delamarre)
Larzac
toutanon L-98
datif toutai (ancien)
toute
touti
G-163
G-153
toutabo G-203
instrumental / sociatif toutia L-100 toutiabi L-98
  1. Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.

Thème en -u

Le thème en -u est peu attesté[23],[24].

Déclinaison des noms de thème en -u, exemple : molatus « louange »
cas singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif molatus Lezoux molatoues Lugoues
vocatif [?] [?] [?] [?]
accusatif [?] [?] [?] [?]
génitif molatos
molatous[A 2]
La Graufesenque [?] [?]
datif molatou G-27, Lezoux [?] [?]
instrumental [?] [?] [?] [?]
  1. Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.
  2. X. Delamarre donne cette notation pour le o long (-ōs).

Thème en -i

autagis « bordereau » (masc. et fém.) condate « confluent » (neutre)
singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1] singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif autagis La Graufesenque autagis
autageis
G-275 condate
condati
condatia
vocatif
accusatif autagin Chamalières, L-3 [?] [?] condatin Chamalières, L-3 [?] [?]
génitif [?] [?] autagion L-3 [?] [?] condation L-3
datif autage Chamalières, G-213 [?] [?] condate Chamalières, G-213 [?] [?]
instrumental / sociatif [?] [?] [?] [?] [?] [?] [?] [?]

Thèmes consonantiques

magus (m.) : « garçon, valet » et medu (n.) « hydromel » :
magus (m.) « garçon, valet » medu (n.) « hydromel »
singulier pluriel singulier pluriel
nominatif mag-us mag-oues med-u med-ua*
accusatif mag-un mag-us* med-u med-ua*
génitif mag-os < ous mag-uon med-os med-uon
datif mag-ou mag-uebo med-ou med-uebo
instr./sociatif mag-u mag-uebi* med-u med-uebi*

Conjugaisons

Inscription RIG G-172.ϲεγομαροϲ ουιλλονεοϲ τοουτιουϲ ναμαυϲατιϲ ειωρου βηλη ϲαμι ϲοϲιν νεμητονSegomaros Ouïlloneos tooutious namaüsatis eïōrou Bēlē sami sosin nemētonSegomaros, fils de Uillo, toutious (chef de tribu) de Namausos, dédie ce sanctuaire à Belisama.
Inscription RIG G-172.
ϲεγομαροϲ ουιλλονεοϲ τοουτιουϲ ναμαυϲατιϲ ειωρου βηλη ϲαμι ϲοϲιν νεμητον
Segomaros Ouïlloneos tooutious namaüsatis eïōrou Bēlē sami sosin nemēton
Segomaros, fils de Uillo, toutious (chef de tribu) de Namausos, dédie ce sanctuaire à Belisama.
Tablette de l'Hospitalet-du-Larzac conservée au musée de Millau (Aveyron).
Tablette de l'Hospitalet-du-Larzac conservée au musée de Millau (Aveyron).

La conjugaison des verbes gaulois est encore mal connue. Le gaulois aurait possédé, comme le grec ancien, cinq modes (indicatif, subjonctif, optatif, impératif et infinitif, ce dernier sous la forme d'un nom verbal) et au moins trois temps (présent, futur, prétérit).


Indicatif


Présent

Le présent de l'indicatif est connu à au moins deux personnes, la première personne et la troisième personne du singulier.

Première personne du singulier

La première personne thématique du singulier se formerait en -u et est attestée dans plusieurs inscriptions dont « delgu », « regu » ou « iegumi »[4],[25]. Le pronom suffixé -mi est également attesté[4],[25].

La première personne du singulier des verbes athématiques se ferait en -mi, comme pour le verbe être imi ou *petami[26].

Troisième personne du singulier

La troisième personne du singulier se formerait en -t. Elle est attestée dans le mot adgariet[4],[25].

Forme relative

La forme relative en -onti- marquent la troisième personne du pluriel. Ainsi dugiiontiio signifie « qui façonnent »[27],[28].


Prétérit

Il existe différente formation du prétérit :


Futur

Le futur se formerait à partir du suffixe du futur -si- suivit de la désinence -u. Celle-ci est parfois rendu -ou, ce que J.-P. Savignac considère comme étant une forme dialectale[39]. Le futur serait issu d'un désidératif en *-sie ou *-sio-[40].


Subjonctif : attestation au présent

La désinence de la troisième personne du singulier du subjonctif présent est en -t[41],[42].

Les formes attestées sont :


Optatif

Une forme d'optatif probable, déponente, avec un suffixe -si- et -or.

Ainsi, les mots uelor (ce dernier traduit par un verbe actif, « je veux ») et dedor (ce dernier étant traduit par un passif) en serait des exemples. Il pourrait s'agit du passif ou de l’actif de verbes déponents[4],[25].


Impératif

À la 2e personne du singulier, plusieurs formations sont possibles :


Infinitif

L'infinitif fait défaut en celtique. À sa place, on trouve en celtique moderne :

Il serait possible que le gaulois ait eu une forme infinitive en -an, similaire au germanique. Toutefois, l'infinitif germanique provient du suffixe indo-européen de noms d'action *-ono-[53] alors que les infinitifs du breton moderne en -añ (-a /-an) dérivent du suffixe vieux breton -am, parallèlement au gallois -af et au cornique -a[54]. Le celtibère possédait un infinitif en -unei[55].

Un nom verbal a été trouvé sur les inscriptions de Châteaubleau : ueionna, ueiommi[9].


Syntaxe


La syntaxe du gaulois est encore quasiment inconnue. On a reconnu quelques coordinations, peut-être quelques pronoms relatifs, anaphoriques et démonstratifs.


Ordre des mots

L'ordre des mots dans la phrase paraît être de préférence sujet-verbe-compléments[10],[56]. L'ordre verbe-sujet se rencontre moins souvent : c'est le cas de phrases avec le verbe ieuru a offert »), dans lesquelles les mots au datif et à l'accusatif se placent librement avant ou après[56].

Lorsque le verbe est omis, le nom d'un dieu au datif se situe à la deuxième place entre le sujet et le complément d'objet, alors que sa place est libre dans le cas d'une phrase où le verbe est exprimé. Quand le sujet est un pronom, il est enclictique, c'est-à-dire suffixé au verbe.[réf. nécessaire]


Proposition subordonnée

Les propositions subordonnées suivent la proposition principale et auraient une particule non-déclinée -io. Elle est attachée au premier verbe de la proposition subordonnée.

gobedbi dugiionti-io ucuetin in alisiia
NP.Dat/Inst.Pl. V.3rd.Pl.- Pcl. NP.Acc.Sg. PP
avec les forgerons qui honorent Ucuetis en Alise

La particule -io est aussi utilisée dans les propositions relatives pour construire l'équivalent d'une phrase en « que ».

scrisu-mi-io uelor
V.1st.Sg.-Pro.1st Sg.-Pcl. V.1st Sg.
Je souhaite que je crache

Enclise

Les pronoms et les particules de phrases peuvent être suffixés ou infixés[10].

Le pronom objet peut être infixé dans le mot[57] :

𐌗𐌏- 𐌑𐌏 -𐌊𐌏 -𐌗𐌄
to śo ko te
Conn.- Pro.3rd Sg.Acc - PerfVZ - V.3rd Sg
il le donna

Les pronoms peuvent aussi être clitique : mi, tu, id.

dessu- mi -is
V.1st.Sg. Emph.-Pcl.1st Sg.Nom. Pro.3rd Pl.Acc.
Je les prépare
buet- id
V.3rd Sg.Pres.Subjunc.- Emph.Pcl.3rd Sg.Nom.Neut.
cela devrait être

Le redoublement des clitiques existe également quand un antécédent faisant référence à un objet inanimé est néanmoins grammaticalement animé.


Lexique



Lecture et traduction


Des objets familiers ont servi à écrire des messages brefs, parfois clairement traduisibles[10].

Ainsi, l'inscription de Banassac s'écrit ainsi :

« neddamon delgu linda »

 Inscription trouvée à Banassac gravé sur une coupe

« Des suivants je contiens la boisson. »

L'inscription peut se lire ainsi :

Ainsi, l'inscription du fuseau de Sens s'écrit ainsi :

« geneta imi daga uimpi »

 Trouvé sur un peson de fuseau près de Sens

« Je suis une jeune fille bonne et belle »

Elle peut se décomposer ainsi :


Nombres


Les nombres cardinaux de 1 à 10 et les ordinaux correspondants sont les suivants[58] :

Tableau des nombres ordinaux et cardinaux en gaulois
Nombre cardinal Traduction en français du cardinal Ordinal correspondant Traduction en français de l'ordinal
1 *oinos un *cintuxos, *cintuxmos premier
2 *duo deux allos deuxième
3 treis trois *tritos troisième
4 *petuares quatre petuarios quatrième
5 pempe, pimpe cinq *pempetos, pinpetos cinquième
6 *suexs six *suexos, *suexsos sixième
7 sextan sept sextametos septième
8 oxtu huit oxtumetos huitième
9 *nauan neuf nametos neuvième
10 decan dix decametos dixième
Note : Les termes précédés d'une astérisque sont des reconstructions.

Inscriptions


Article détaillé : Liste des inscriptions en gaulois.

Plusieurs inscriptions ont été retrouvées qui attestent de l'existence de l'écriture chez les Gaulois. Elles sont en majorité rédigées à l'aide de l'alphabet grec ou, après la conquête, de l'alphabet latin, et se retrouvent notamment en céramologie, numismatique, sur des objets de la vie quotidienne[59].


Inscriptions gallo-étrusques ou gauloises de Cisalpine (VIe siècle av. J.-C. - IIe siècle av. J.-C.)



Inscriptions gallo-grecques (IIIe siècle av. J.-C. - Ier siècle ap. J.-C.)


Pierre dite de Martialis.
Pierre dite de Martialis.

Inscriptions gallo-latines (Ier siècle av. J.-C. - IVe siècle ap. J.-C.)


D'autres épigraphes ont été trouvés, tels les plombs de Chamalières et du Larzac, le plat de Lezoux, la tablette à defixio de Chartres, les tuiles de Châteaubleau[61], découvertes en 1997 et gravées en cursive latine[62] ou le graffite sur un vase trouvé à Argentomagus[63].


Notes et références



Notes


  1. De même que certaines langues indo-européennes modernes dans d'autres groupes (bulgare, grec moderne, roumain).
  1. Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.

    Références


    1. Cf. « gallique » qui renvoie à « gallican ».
    2. Kershaw Chadwick et al. 2001, p. 420
    3. Lambert 2003, p. 10
    4. Delamarre 2003
    5. Pierre Gastal, Nos racines celtiques, Désiris, 2013, dictionnaire p. 104 sq.
    6. P. Gastal, op. cit. p. 18-20.
    7. Voir l'article Druide.
    8. César 1950
    9. Lambert 1998
    10. Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, Errance,
    11. Hervé Le Bihan, « La notion de gallo-brittonique », sur Bécédia, (consulté le )
    12. « Trévires », histoiredumonde.net.
    13. 300 si on agrège tous les mots des dialectes français, 150 si on s'en tient au français courant.
    14. Alors que le mot « miel », produit qui se vend bien, est issu du latin.
    15. Les Romains privilégient l'amphore.
    16. « La langue française : toute une histoire ! », émission de Canal Académie du 31 octobre 2010 avec le linguiste Jean Pruvost
    17. Savignac 2014, p. 15
    18. Delamarre 2008, p. 55
    19. P.-Y. Lambert, La langue gauloise, , p. 43
    20. Savignac 2014, p. 16
    21. P.-Y. Lambert, La langue gauloise, , p. 44
    22. Éléments de morphologie (déclinaisons) in Dictionnaire de la langue gauloise de Xavier Delamarre (voir bibliographie).
    23. Delamarre 2003, p. 342-346
    24. Savignac 2014, p. 17
    25. Savignac 2014
    26. Savignac 2014, p. 127
    27. Delamarre 2003, p. 153
    28. Savignac 2014, p. 157 et 158
    29. Delamarre 2003, p. 138
    30. Savignac 2014, p. 134
    31. Delamarre 2003, p. 187 et 188
    32. Savignac 2014, p. 126 et 127
    33. Delamarre 2003, p. 251
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    61. F. Melmoth, « La tuile inscrite de Châteaubleau, in : Dossier "Parlez-vous Gaulois ? " », L'Archéologue, no 59, , p. 18-20
    62. Transcription du texte de Châteaubleau (lecture de P.-Y. Lambert).
    63. Barry W Cunliffe (trad. Patrick Galliou), Les Celtes, Paris, Editions Errance, , 336 p. (ISBN 978-2-87772-203-2, OCLC 47989713), .204

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    [de] Gallische Sprache

    Das Gallische ist eine keltische Sprache, die im Altertum in Gallien gesprochen wurde. Die gallische Sprache ist die am besten belegte der fünf festlandkeltischen Sprachen, die heute alle ausgestorben sind. Gallisch als Sprachbezeichnung ist mindestens seit Aulus Gellius (ca. 180 nach Christus) belegt.[1]

    [en] Gaulish

    Gaulish was an ancient Celtic language spoken in parts of Continental Europe before and during the period of the Roman Empire. In the narrow sense, Gaulish was the language of the Celts of Gaul (now France, Luxembourg, Belgium, most of Switzerland, Northern Italy, as well as the parts of the Netherlands and Germany on the west bank of the Rhine). In a wider sense, it also comprises varieties of Celtic that were spoken across much of central Europe ("Noric"), parts of the Balkans, and Anatolia ("Galatian"), which are thought to have been closely related.[1][2] The more divergent Lepontic of Northern Italy has also sometimes been subsumed under Gaulish.[3][4]

    [es] Idioma galo

    El idioma galo fue una lengua perteneciente al grupo de las lenguas celtas de la familia indoeuropea. Fue hablada en el área de la antigua Galia por los pueblos galos, antes de que el latín vulgar de finales del Imperio romano se impusiera en esas tierras. El idioma se conoce gracias a unos cientos de inscripciones en piedra, cerámica u otros artefactos y monedas, así como en láminas de plomo (y en una ocasión de cinc). Estos se encuentran por toda la antigua Galia, es decir, especialmente en la actual Francia pero también en partes de Suiza, Italia, Alemania y Bélgica.
    - [fr] Gaulois (langue)

    [it] Lingua gallica

    La lingua gallica è una lingua celtica estinta, parlata nelle antiche Gallie (odierne Francia, Italia nord-occidentale, Svizzera, Belgio, Lussemburgo, Germania centro-occidentale e Paesi Bassi meridionali) prima della diffusione capillare del latino volgare durante il periodo del Tardo Impero romano, che finì per scalzarne lo stato di prima lingua della maggior parte della sua popolazione.

    [ru] Галльский язык

    Галльский язык — мёртвый кельтский язык, распространённый в Галлии до VI века[1][2], когда был окончательно вытеснен народной латынью.



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