Le luba-kasaï, ciluba ou tshiluba (autonyme: cilubà selon l'orthographe standardisée ou tshiluba[1]), est une langue bantoue du groupe de langues luba, parlée principalement par les Baluba du Kasaï dans le sud de la République démocratique du Congo et au nord de l'Angola.
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme[3]:
Kanungu ka 1.
Bantu bonsu badi baledibwa badikadile ne badi ne makokeshi amwe. Badi ne lungenyi lwa bumuntu ne kondo ka moyo, badi ne bwa kwenzelangana malu mu buwetu.
Le luba-kasaï est couramment appelé par son autonyme, écrit «cilubà» (selon l'orthographe standardisée[4],[5]) ou «tshiluba» (par exemple dans la constitution de la République démocratique du Congo). Il est aussi appelé luva, luba occidental ou luba-lulua[1], notamment dans la norme ISO 639[6]. Ethnologue indique aussi le nom « bena-lulua »[1]; Beena Luluwà (litéralement «membres de Luluwà ») désignant au sens strict les Luluwa et leur parler étant le cyeena luluwà[7]. Il est parfois aussi appelé «luba» mais ce nom peut aussi désigner d’autres langues luba.
Classification
Le tshiluba appartient à la famille des langues bantoues. Dans la classification des langues bantoues selon Malcolm Guthrie, la langue à la code L.31 dans le groupe des langues luba, L.30[8].
Utilisation
Le luba-kasaï est parlé par environ 7 060 000 personnes, dont[1]:
7 000 000 en République démocratique du Congo en 1991, principalement dans les provinces du Kasaï (tiers sud-est), du Kasaï-Oriental et de Sankuru, dans ces provinces, elle est enseignée dans la plupart des écoles primaires et secondaires, et parfois comme matière dans les classes plus élevées;
60 000 en Angola en 2018, principalement dans la province de Lunda-Nord (municipalités de Cambulo(en), Chitato(en), Cuilo(en), et Lucapa), par des locuteurs de tous âges.
Cette langue est reconnue comme langue nationale par l'article 1 de la Constitution de la République démocratique du Congo de 2006[2].
Caractéristiques
Le luba-kasaï est une langue bantoue classée parmi les langues luba[1], qui constituent la moitié du groupe L de la classification des langues bantoues selon Guthrie.
Écriture
Selon la standardisation de l’orthographe, le luba-kasai utilise l'alphabet latin, avec les digrammes ‹ng›, ‹ny› et ‹sh›. Le trigramme ‹tsh› couramment utilisé y est remplacé par la lettre ‹c›[5].
Les lettres «q», «r» et «x» ne sont quant à elles utilisés que dans les mots empruntés à d'autres langues et les noms étrangers[9].
Ethnologue note des différences significatives entre les régions historiques du Kasaï-Oriental (provinces actuelles du Kasaï-Oriental, Lomami et Sankuru, peuplées par l'ethnie des Baluba (les Lubilanji, Bena Konji, Bakwa Diishò et Bakwa-luntu) et du Kasaï-Occidental (provinces actuelles du Kasaï et du Kasaï-Central, peuplées par l'ethnie Luluwa)[1].
Lungenyi Lumwe Maalu-Bungi (1991) donne les deux dialectes principaux, ayant chacun plusieurs variétés[10] :
le cyena luluwà (parfois écrit lulua) ou cyena kanàngà, parlé par les Beena Luluwà dans l’ancienne province du Kasaï-Oriental (les provinces actuelles du Kasaï et du Kasaï-Central) ;
le bulubà ou cyena mbùji-mâyi parlé par les Baluba dans l’ancienne province du Kasaï-Occidental (les provinces actuelles du Kasaï-Oriental, de Lomami et de Sankuru).
Gilles-Maurice de Schryver (1999) inclut le parler des Bakwà Luntu (L31c), dans la province du Kasaï-Central, comme troisième dialecte principal du tshiluba[11],[12].
Le cilubà standard, aussi appelé « tshiluba classique », est basé sur le cikwà diishì et le cyena mpukà principalement parce que, historiquement, leurs locuteurs ont servi de premiers informateurs aux missionnaires[10].
Maalu Bungi et Kapudi Kalonga (1992) indiquent additionellement que le cilubà standard des missionaires catholiques « intègre des éléments substantiels des dialectes luntu et luluwà », en faisant un parler « pan-dialectal, supra-local », contrairement au cilubà des missionnaires protestants basé essentiellement sur le cyena luluwà[13].
André Coupez, Études sur la langue luba, Tervuren, Musée royal du Congo belge, coll.«Annales du Musée royal du Congo belge, Série in 8o, Sciences de l’Homme, Linguistique» (no9), , 90p. (lire en ligne)
Albert Jozef De Rop, «L'orthographe du ciluba», Aequatoria, vol.22, no2, , p.1–6 (JSTOR25838798)
Musampa Emmanuel Kambaja, «Textes de lecture et efficacité pédagogique dans une classe bilingue cilubà-français. Enquête menée à Mbuji-Mayi, RDC», dans Bruno Maurer, Les approches bi-plurilingues d’enseignement-apprentissage: autour du programme Écoles et langues nationales en Afrique (ELAN-Afrique): Actes du colloque du 26-27 mars 2015, Université Paul-Valéry, Montpellier, Éditions des archives contemporaines (EAC), coll.«Plid», (ISBN9782813001955, DOI10.17184/eac.9782813001955, lire en ligne)
(en) Nkonko M. Kamwangamalu, «Processes of nominalization in Ciluba,», South African Journal of African Languages, vol.20, no2, , p.165-176
Diambila Luboya, «La sage-femme et le couple mère-enfant chez les Beena Luluwà», Journal des Africanistes, vol.60, no2, , p.161–171 (DOI10.3406/jafr.1990.2458, lire en ligne, consulté le )
Lungenyi Lumwe Maalu-Bungi, «Langue zaïroise et standardization: le cas du ciluba», dans Norbert Cyffer, Klaus Schubert, Hans-Ingolf Weier, Ekkehard Wolff, Language standardization in Africa/Sprachstandardisierung in Afrika/Standardisation en langues en Afrique, Hamburg, Helmut Buske Verlag, (présentation en ligne), p.183-188
Maalu Bungi et Kapudi Kalonga, «Toponymes et anthroponymes dans les versions Luba des Écritures Saintes», dans Ernst Wilhelm Müller, Forschungen in Zaïre: in memoriam Erika Sulzmann, 1/7/11-6/17/89, Lit Verlag, (présentation en ligne), p.259-268
Crispin Maalu-Bungi, «Quand la pratique lexicographique se modernise en RD Congo. Note sur Nkòngamyakù Cilubà–Mfwàlànsa, dictionnaire bilingue de NgoSemzara Kabuta», Lexikos, no21, , p.320-336 (lire en ligne)
(en) Jouni Filip Maho, NUGL Online: The online version of the New Updated Guthrie List, a referential classification of the Bantu languages, , 124p. (lire en ligne [PDF]), p.69
(en) Gilles-Maurice de Schryver, Bantu lexicography and the concept of simultaneous feedback: some preliminary observations on the introduction of a new methodology for the compilation of dictionaries with special reference to a bilingual learner’s dictionary Cilubà-Dutch,
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