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Le min (chinois simplifié :  ; chinois traditionnel : 閩語 ; pinyin : mǐnyǔ, littéralement « langue min ») est un groupe de langues (, ) ou, selon certaines classifications, dialectes (, huà) chinois parlés dans la province du Fujian, dans le Sud-Est de la Chine. Le nom dérive de la rivière Min. Il est également parlé par des groupes originaires du Fujian dans les provinces du Guangdong et du Hainan, dans le sud du Zhejiang, dans certains villages du Jiangsu et à Taïwan. Il compterait plus de 70 millions de locuteurs. De nombreux chinois émigrés en Asie du Sud-Est parlent également le min. La variété la plus parlée en dehors du Fujian est le minnan, parfois appelé hokkien-taïwanais. On trouve parfois le nom « foukiénois » pour désigner l'ensemble des langues min, ou uniquement la branche minnan.

Min
閩語 / 闽语 (zh)
Pays Chine, Taïwan
Région Fujian, Guangdong, Hainan, Taïwan, Zhejiang, Jiangsu, et dans les communautés d'outre-mer.
Nombre de locuteurs 70 000 000
Typologie isolante, à tons
Classification par famille
Codes de langue
IETF mnp, cdo, nan, czo, cpx
ISO 639-3
Variétés :
mnp  minbei
cdo  mindong
nan  minnan
czo  minzhong
cpx  puxian
Linguasphere
Glottolog minn1248
Carte

Distribution des langues min.

Ce groupe de langues chinoises se distingue nettement des autres langues chinoises (dont le mandarin) de par une différenciation précoce il y a environ 2 000 ans, soit avant l'apparition du chinois médiéval. Les variétés de min ne sont pas mutuellement intelligibles entre elles ou avec les autres variétés de langues chinoises.


Histoire


La région d'origine du min dans le Fujian s'est ouverte à des peuplements chinois après la défaite de l'État de Minyue (en) devant les armées de l'empereur Han Wudi en 110 av. J.-C.[1]. Cette zone comprend des terrains montagneux accidentés, et des rivières courtes qui se jettent dans la mer de Chine méridionale. Les migrations du Nord vers le Sud de la Chine se sont poursuivies à travers les vallées des rivières Xiang et Gan à l'ouest. Les variétés de min ont donc subi une moindre influence des parlers du Nord que d'autres groupes linguistiques du Sud[2]. Ainsi, alors que la plupart des variétés de langues chinoises sont dérivées du chinois médiéval, la langue décrite par les dictionnaires de rimes comme le Qieyun (en) en 601 apr. J.-C., les variétés de min contiennent des traces de caractéristiques antérieures[3]. Les linguistes estiment que les couches les plus anciennes des dialectes min auraient divergé des autres langues chinoises à l'époque de la dynastie Han[4],[5]. Toutefois, il y a eu des vagues importantes de migration depuis la plaine de Chine du Nord :

Jerry Norman identifie quatre couches principales dans le vocabulaire des variétés modernes de min :

  1. un substrat non-chinois provenant des langues originelles du Minyue, qui seraient austroasiatiques selon Jerry Norman et Mei Tsu-Lin[6],[7] ;
  2. une couche de chinois très ancien, apporté au Fujian par des colons du Zhejiang durant la dynastie Han[8] ;
  3. une couche de la période des dynasties du Nord et du Sud, qui correspond à la phonologie du dictionnaire Qieyun (en)[9] ;
  4. une couche littéraire basée sur la koinè de Chang'an, la capitale de la dynastie Tang[10].

En 2008, Laurent Sagart montre que l'analyse de Jerry Norman et Mei Tsu-Lin proposant un substrat austroasiatique est incorrecte[11]. L'hypothèse formulée par Jerry Norman et Mei Tsu-Lin soutenant que la région originelle austroasiatique serait la zone centrale du Yangtze est largement abandonnée, et n'est pas soutenue par la majorité des spécialistes de l'austroasiatique[12].


Variétés


Groupes de dialectes min selon le Language Atlas of China :


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Shao-Jiang
Septentrional (minbei)
Central (minzhong)



Oriental (mindong)
Pu-Xian
Méridional (minnan)



Leizhou
Hainan
Groupes de dialectes min selon le Language Atlas of China :
  • Leizhou
  • Hainan

Le min est considéré comme un des sept à dix groupes de variétés de chinois mais comprend une plus grande diversité dialectale que n'importe quel autre groupe. Les locuteurs min se sont déplacés du Fujian et de l'est du Guangdong vers les îles de Taïwan et de Hainan, vers d'autres régions côtières du sud de la Chine et vers l'Asie du Sud-Est[13]. Il est aussi parlé dans trois régions du sud du Zhejiang (Shengsi, Putuo and Wenzhou), dans l'archipel de Zhoushan au large de Ningbo et dans certains villages du Jiangsu (Liyang, Jiangyin).

Les variétés parlées dans des xian voisins, et dans les montagnes de l'ouest du Fujian, y compris dans des villages adjacents, sont souvent mutuellement inintelligibles[14]. La base de données linguistique Glottolog recense cinq variétés principales dans le groupe des langues min et de nombreux dialectes[15]. SIL International, l'organisme chargé d'attribuer les codes ISO 639-3, attribue un code spécifique à chacune de ces cinq variétés[16] :

Les anciennes classifications comme celles de Li Fang-kuei en 1937 et Yuan Jiahua (en) en 1960 divisent le min entre des sous-groupes septentrionaux et méridionaux[21],[18]. Toutefois, Pan Maoding et ses collègues affirment que la principale séparation doit être faite entre les groupes côtiers et intérieurs dans un rapport de 1963 rédigé à partir d'une étude dans le Fujian. Un des éléments discriminants entre ces deux groupes est l'existence d'un groupe de mots dont le son initial est une latérale (/l/) dans les variétés côtières, et une fricative non voisée (/s/ ou /ʃ/) dans les variétés intérieures, contrastant avec un autre groupe possédant un (/l/) dans les deux cas. Jerry Norman a reconstruit ces initiales en proto-min comme étant des latérales voisées et non voisées qui ont fusionné dans les variétés côtières[18],[22].

Les variétés côtières concentrent la vaste majorité des locuteurs. Pan Maoding et ses collègues les ont répartis en trois groupes[23] : min oriental, min pu-xian et min méridional. Ces dialectes montrent des changements drastiques aux initiales, y compris une série de consonnes implosives, qui seraient dus aux contacts avec les langues tai-kadai parlées sur l'île[24]. Les variétés côtières utilisent des mots propres au vocabulaire min, y compris des pronoms et des négations[25]. Tous les variétés sauf le hainanais ont un système complexe de sandhi tonal[26].

Bien qu'il y ait beaucoup moins de locuteurs, les variétés intérieures montrent une plus grande variation que les langues côtières[27]. Pan Maoding et ses collègues ont divisé les variétés intérieures entre deux groupes[23] : min septentrional et min central. Bien que les variétés côtières dériveraient d'une proto-langue disposant de quatre séries d'occlusives ou d'affriquées à chaque point d'articulation (/t/, /tʰ/, /d/, et /dʱ/), les variétés intérieures montrent les traces de deux séries supplémentaires, que Jerry Norman appelle « occlusives adoucies » à cause des consonnes descendantes dans certaines variétés[28],[29],[30]. Les variétés intérieures utilisent des pronoms et des négations qui sont des cognats en hakka et yue[25]. Les variétés intérieures ont peu ou pas de sandhi tonal[26].

Le Language Atlas of China de 1987 distingue deux autres groupes précédemment inclus dans le minnan[31] :

Il inclut également un autre groupe dans les parlers min de l'intérieur[31] :


Phylogénèse


 Min  


Min Bei (préfecture de Nanping)



Shaojiang




Min Dong (préfectures de Fuzhou et Ningde)



Min Zhong (préfecture de Sanming)



Puxian (préfecture de Putian)


 Min Nan 


Hokkien (préfectures de Quanzhou, Zhangzhou; Taïwan)



Teochew (Guangdong oriental)




dialecte de Leizhou



Hainanais





Vocabulaire


La plupart du vocabulaire min correspond directement à des cognats dans d'autres variétés chinoises mais il y a aussi un nombre significatifs de mots min dont l'origine peut être retracée jusqu'au proto-min. Une modification sémantique a parfois eu lieu en min ou dans les autres langues chinoises :

Jerry Norman et Mei Tsu-Lin ont suggéré une origine austroasiatique pour certains mots min :

Toutefois, les suggestions de Jerry Norman et Mei Tsu-Lin sont rejetées par Laurent Sagart (2008)[11]. De plus, il a été prouvé que le prédécesseur austroasiatique du vietnamien moderne provient de la région montagneuse au centre du Laos et du Viêt Nam, et non de la région au nord du delta du Fleuve Rouge[45].

L'origine des mots min suivant reste obscure : *khauA , « pied »[46], *-tsiɑmB , « insipide »[47] et *dzyŋC 𧚔, « porter [comme vêtement] »[38].


Écriture


Bible en romanisation minnan éditée à Taïwan en 1933.
Bible en romanisation minnan éditée à Taïwan en 1933.

Les langues min utilisent les mêmes caractères que le mandarin pour les mots ayant un caractère correspondant étymologiquement. Il y a quelques caractères spécialisés supplémentaires pour :

Le cantonais écrit a mené cette pratique jusqu'à son terme, au point que le cantonais vernaculaire peut être écrit sans ambiguïté avec des sinogrammes. Contrairement à la croyance populaire, la langue vernaculaire écrite de cette manière n'est en général pas compréhensible à un locuteur du mandarin en raison des changements importants dans la grammaire et le vocabulaire ainsi que l'usage indispensable d'un grand nombre de sinogrammes n'existant pas en mandarin.

Il n'y a jamais eu de processus similaire pour aucune des variétés de min et il n'y a donc pas de système standard pour écrire le min, bien que certains caractères spécifiques aient été créés. Étant donné que le min combine du chinois de différentes périodes et qu'il contient du vocabulaire non-chinois, il peut être difficile de trouver des sinogrammes appropriés pour certains mots en min. Dans le cas du taïwanais, des mots ont été empruntés aux langues formosanes et il y a un nombre significatif d'emprunts du japonais. Le min parlé à Singapour et en Malaisie a emprunté largement au malais et, dans une moindre mesure, à l'anglais et à d'autres langues. La langue pourtant écrite entièrement en sinogrammes ne représente pas totalement les mots prononcées en min, mais est constitué en partie de formes issues du mandarin.

Des tentatives pour représenter fidèlement les mots prononcés en min reposent nécessairement sur la romanisation, c'est-à-dire l'écriture en caractères latins. Un système de transcription en alphabet latin (教會羅馬字, jiàohuì luómǎzì) fut développé par des missionnaires presbytériens au XIXe siècle. Il y a le POJ, abréviation de pe̍h-oē-jī, parfois employé à Taïwan pour le minnan. Pour le dialecte de Fuzhou (mindong), il s'agit du Bàng-uâ-cê (BUC). Il y a quelques rares publications qui utilisent un système mixte, des sinogrammes complétés par l'alphabet latin pour représenter les mots manquants.


Notes et références


(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Min Chinese » (voir la liste des auteurs).

  1. Norman (1991), p. 328.
  2. Norman (1988), p. 210, 228.
  3. Norman (1988), p. 228–229.
  4. Ting (1983), p. 9–10.
  5. Baxter et Sagart (2014), p. 33, 79.
  6. Norman et Mei (1976).
  7. Norman (1991), p. 331–332.
  8. Norman (1991), p. 334–336.
  9. Norman (1991), p. 336.
  10. Norman (1991), p. 337.
  11. (en) Laurent Sagart, Past human migrations in East Asia : matching archaeology, linguistics and genetics, Londres, Routledge, , 141-143 p. (ISBN 978-0-415-39923-4, lire en ligne), « The expansion of Setaria farmers in East Asia: a linguistic and archeological model »
    « In conclusion, there is no convincing evidence, linguistic or other, of an early Austroasiatic presence on the south‑east China coast. »
  12. Chamberlain, James R. (2016). "Kra-Dai and the Proto-History of South China and Vietnam", p. 30. In Journal of the Siam Society, Vol. 104, 2016.
  13. Norman (1988), p. 232–233.
  14. Norman (1988), p. 188.
  15. Glottolog [minn1248].
  16. Ethnologue (groupe chinois).
  17. Zhang (1987).
  18. Norman (1988), p. 233.
  19. Simons et Fennig (2017), Chinese, Min Nan.
  20. Li et Chen (1991).
  21. Kurpaska (2010), p. 49.
  22. Branner (2000), p. 98–100.
  23. Kurpaska (2010), p. 52.
  24. Lien (2015), p. 169.
  25. Norman (1988), p. 233–234.
  26. Norman (1988), p. 239.
  27. Norman (1988), p. 234–235.
  28. Norman (1973).
  29. Norman (1988), p. 228–230.
  30. Branner (2000), p. 100–104.
  31. Kurpaska (2010), p. 71.
  32. Norman (1988), p. 235, 241.
  33. Norman (1988), p. 231.
  34. Norman (1981), p. 58.
  35. Norman (1988), p. 231–232.
  36. Baxter et Sagart (2014), p. 59–60.
  37. Norman (1981), p. 47.
  38. Norman (1988), p. 232.
  39. Baxter et Sagart (2014), p. 33.
  40. Norman (1981), p. 41.
  41. Norman (1988), p. 18–19.
  42. Norman et Mei (1976), p. 296–297.
  43. Norman (1981), p. 63.
  44. Norman et Mei (1976), p. 297–298.
  45. Chamberlain, J.R. 1998, "The origin of Sek: implications for Tai and Vietnamese history", in The International Conference on Tai Studies, ed. S. Burusphat, Bangkok, Thailand, pp. 97-128. Institute of Language and Culture for Rural Development, Mahidol University.
  46. Norman (1981), p. 44.
  47. Norman (1981), p. 56.

Voir aussi



Bibliographie



Articles connexes



Liens externes



На других языках


[en] Min Chinese

Min (simplified Chinese: 闽语; traditional Chinese: 閩語; pinyin: Mǐnyǔ; Pe̍h-ōe-jī: Bân-gú / Bân-gír / Bân-gí / Mân-ú; BUC: Mìng-ngṳ̄) is a broad group of Sinitic languages spoken by about 30 million people in Fujian province as well as by the descendants of Min speaking colonists on Leizhou peninsula and Hainan, or assimilated natives of Chaoshan, parts of Zhongshan, three counties in southern Wenzhou, Zhoushan archipelago, and Taiwan.[1] The name is derived from the Min River in Fujian, which is also the abbreviated name of Fujian Province. Min varieties are not mutually intelligible with one another nor with any other variety of Chinese (such as Mandarin, Cantonese, Wu, Gan, Xiang, or Hakka).

[es] Chino min

El mǐn (en chino tradicional, 閩語; en chino simplificado, 闽语; pinyin, mǐnyǔ) es una de los principales lenguas siníticas por número de hablantes.
- [fr] Min (langue)

[it] Lingua min

Mǐn o miin[1] (cinese tradizionale: 閩語; cinese semplificato: 闽语; pinyin: mǐn yǔ; POJ: Bân gú; BUC: .mw-parser-output .Unicode{font-family:TITUS Cyberbit Basic,Code2000,Doulos SIL,Chrysanthi Unicode,Bitstream Cyberbit,Bitstream CyberBase,Bitstream Vera,Thryomanes,Gentium,GentiumAlt,Visual Geez Unicode,Lucida Grande,Arial Unicode MS,Microsoft Sans Serif,Lucida Sans Unicode;font-family:inherit}Mìng ngṳ̄) è un ampio gruppo di lingue cinesi parlate da 60 milioni di persone nella provincia cinese sud-orientale del Fujian nonché da migranti originari di questa provincia nel Guangdong (intorno all'area di Chaozhou-Swatou o di Chaoshan, e alla penisola di Leizhou), nell'Hainan, in tre contee nel Zhejiang meridionale e nell'arcipelago di Zhoushan al largo di Ningbo, in alcune città a Liyang e nella città di Jiangyin nella provincia del Jiangsu, e a Taiwan. Ci sono molti parlanti min anche tra i Cinesi all'estero nel Sud-est asiatico come pure a New York negli Stati Uniti. La varietà più ampiamente parlata del min è l'hokkien, che comprende il taiwanese e l'amoy, tra altri dialetti. I dialetti min preservano molte delle pronunce arcaiche dell'antico cinese e del cinese medio.

[ru] Миньские языки

Ми́ньские языки́ (минь; кит. трад. 閩方言, упр. 闽方言, пиньинь Mǐn fāngyán; POJ: Bân hong-giân; BUC: Mìng huŏng-ngiòng) — группа в составе китайской ветви сино-тибетской семьи языков. Распространены на юго-востоке Китая, в том числе островах Тайвань и Хайнань, и в ряде стран Юго-Восточной Азии. В традиционной китаистике считаются одной из древнейших диалектных групп китайского языка.



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