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Le français de Belgique[N 1] est une variante régionale du français. Il est différent du wallon, qui est une langue d'oïl, au même titre que le picard, le champenois ou le lorrain (également parlés en Belgique). Le français de Belgique se différencie peu de celui de France ou de Suisse. Il se caractérise par des termes qui sont considérés comme archaïques en France[1], par des innovations locales, par des emprunts aux parlers romans de Wallonie (principalement le wallon et le picard) et aux langues germaniques voisines (principalement le néerlandais, ses dialectes flamand et brabançon et l'allemand).

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Français de Belgique
Pays Belgique
Région Communauté française de Belgique
Typologie SVO flexionnelle syllabique
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Belgique
Codes de langue
IETF fr-be
Le français de Belgique est principalement parlé dans la Communauté française (Bruxelles et Wallonie), en rouge sur la carte. Cependant la région flamande compte aussi de nombreux francophones, de langue maternelle et seconde.
Le français de Belgique est principalement parlé dans la Communauté française (Bruxelles et Wallonie), en rouge sur la carte. Cependant la région flamande compte aussi de nombreux francophones, de langue maternelle et seconde.

Le français est une des trois langues officielles de Belgique (avec l'allemand et le néerlandais) et serait[N 2] la langue véhiculaire d'environ 44 % de la population[2], principalement dans les régions wallonne et bruxelloise. Selon l'Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone, plus de 71 % de la population belge serait en mesure de parler français[3],[4].


Une ou plusieurs variétés de français en Belgique


Aires dialectales de Belgique romane.
Aires dialectales de Belgique romane.
Le français en Flandre : Fabricant orthographié : Fabrikant avec un k comme en néerlandais. Et intérieur orthographié : interieur sans accent aigu sur le é, (photo prise à Renaix en Flandre orientale)
Le français en Flandre :
Fabricant orthographié : Fabrikant avec un k comme en néerlandais.
Et intérieur orthographié : interieur sans accent aigu sur le é, (photo prise à Renaix en Flandre orientale)

Considérer le français de Belgique comme un ensemble homogène ne va pas de soi. Ainsi Michel Francard, dans l'introduction de son Dictionnaire des belgicismes, signale d'emblée la différence qui existe entre Bruxelles, ville qui est aujourd'hui largement francophone mais qui était encore majoritairement flamande au XIXe siècle, et la Wallonie, où le français est présent depuis de nombreux siècles[F 1].

Selon le professeur Félix Rousseau, historien et militant wallon :

« À part Tournai et le Tournaisis, fief français, la principauté de Liège, les comtés de Namur, de Hainaut, de Luxembourg se trouvaient en terre d’Empire, donc situés en dehors des frontières politiques de la France. Et cependant, dès le XIIIe siècle, c’est le français qui est adopté partout comme langue littéraire. Voilà le fait capital de l’histoire intellectuelle de la Wallonie. Sans aucune contrainte, de leur pleine volonté, les Wallons sont entrés dans l’orbite de Paris et, depuis sept siècles, avec une fidélité qui ne s’est jamais démentie, n’ont cessé de participer à la culture française. Certes, le français employé dans nos régions au moyen âge sera un français provincial, un français émaillé de wallonismes ou de picardismes suivant les cas. Les réussites seront variables suivant le degré d’instruction. Le français de chez nous ne sera ni plus ni moins provincial que celui qui est en usage dans la plupart des provinces françaises à la même époque[5]. »

Cette histoire différente explique qu'il existe des différences importantes entre le français de Bruxelles et le français de Wallonie. Au sein même de la Wallonie, il existe des variations dues à l'influence des différents parlers romans (wallon, picard, lorrain, champenois). Cependant, de nombreux traits sont communs à l'ensemble des francophones de Belgique, d'une part parce que de nombreux faits lexicaux régionaux sont le fait des institutions politiques, sociales et culturelles de l'État belge, d'autre part parce que l'étroitesse du territoire concerné entraîne de nombreux échanges[F 1].

L'emploi des belgicismes n'est pas toujours généralisé, bien qu'ils soient compris. Par exemple, le terme oufti est spécifiquement liégeois. Jouer football est surtout utilisé dans les régions influencées par les parlers germaniques (comme les cantons de l'Est).


Faits de langue propres au français de Bruxelles


Le français de Bruxelles-Capitale est parfois appelé le bruxellois, mais le terme est ambigu : il existe un bruxellois à prédominance flamande et un bruxellois à prédominance française, les deux mélangeant les deux langues à des degrés différents.

S'agissant du « bruxellois francophone », ses expressions et tournures viennent de l'histoire même de Bruxelles. Avant le milieu du XIXe siècle, la ville était d'expression néerlandaise (de dialecte brabançon, voir Francisation de Bruxelles). Il en reste l'utilisation du diminutif flamand -ke (Marieke pour Marie, le manneken-Pis (littéralement « le petit homme qui pisse ») ou néerlandais -je (ketje, « p'tit gars »), l'utilisation d'un vocabulaire flamand (un ket, un gamin, une pintje, un verre de bière), ou la traduction littérale d'expressions flamandes (le célèbre une fois, traduction littérale du mot néerlandais eens (kom eens hier! « viens un peu ici ! »).

Autre expression bruxelloise célèbre et populaire : Non peut-être ?!, signifiant « Oui sûrement », ou, inversement Oui sans doute, qui, prononcé d'une certaine manière, signifie « Sûrement pas ».

Expression témoignant d'un ras le bol généralisé et bilingue (alternance de code linguistique) : Trop is te veel. Trop c'est trop. »), à mettre en rapport avec l'expression « En français comme en flamand », qui signifie « c'est un fait incontestable ».

Exhortation au soulèvement, à un nouvel élan, ou plus généralement à surmonter une difficulté, l'expression « tu peux là-contre » pourrait être comprise comme « tu peux t'y opposer (et le surmonter) ! ». Cette expression, interpellante dans sa structure, est très certainement la traduction littérale de la même expression en flamand, à savoir ge kunt d'rtegen (néerl. général je kan ertegen ou je kan daartegen). (Quant à la formule « là-contre » pour « contre cela », voir ci-dessus = au-dessus de ceci ; là-dessous = en dessous de cela, etc.)

Il existe d'autre part en Belgique et spécialement à Bruxelles une habitude (étonnante pour les étrangers) de mêler les deux langues dans les inscriptions bilingues sur les affiches, les devantures de magasins ou même dans la signalisation officielle, sans clairement les différencier. Les mots ou chiffres qui s’écrivent de la même manière en français et en néerlandais ne sont pas répétés. Sur les plaques des rues, par exemple, lorsque le nom de celles-ci est un nom propre il n'est écrit qu'une seule fois. On peut donc lire :

avenue
   de BROQUEVILLE
              laan

(laan = avenue) ou

chaussée de
            NINOVE
            NINOOFSE
steenweg

(steenweg = chaussée). Certains mots hybrides sont parfois créés de cette manière, comme le nom du KunstenFESTIVALdesArts (kunsten étant en néerlandais la traduction du mot arts).

Les Bruxellois ont également une manière toute particulière d'exprimer les liens familiaux ou d'amitié. Ainsi, ils diront « ma femme sa sœur » pour parler de la sœur de leur épouse. Dans Le Mariage de Mademoiselle Beulemans, célèbre pièce du théâtre bruxellois, monsieur Beulemans rencontrant le père de son employé Albert s'exclame « Albert son père ». Il s'agit d'un calque d'une tournure courante du génitif en néerlandais : Piet zijn vriend pour l'ami de Piet.


Le lexique : les belgicismes


Un belgicisme est un fait de langue propre au français de Belgique, commun à toutes les régions francophones du pays. Même si le français parlé en Belgique est plus proche du français parlé en France que de celui parlé au Québec, il existe un grand nombre de belgicismes issus de termes oubliés ou inusités dans les autres pays francophones.

Certains belgicismes se retrouvent dans d'autres régions francophones (Suisse…), où ils ne portent plus ce nom : septante soixante-dix »)[6], nonante quatre-vingt-dix »)[6], à tantôt (à tout à l'heure)[6]. On retrouve également des termes wallons qui se sont répandus aux autres régions, comme avoir facile n'avoir aucune difficulté »), ou des emprunts au néerlandais et à d'autres langues germaniques : une dringuelle (un pourboire ou des étrennes, du néerlandais drinkgeld et de l'allemand Trinkgeld, pourboire)[6]. Certains belgicismes sont aussi des termes propres au système administratif belge (athénée[6], bourgmestre[6], accises[6]).

Certains belgicismes ne se rencontrent pas dans certaines parties de la Belgique francophone. Cependant, un grand nombre de belgicismes sont employés dans le Nord de la France à cause de la proximité culturelle et des échanges transfrontaliers.


Fréquence d'utilisation


La fréquence d'utilisation des belgicismes, comme l'intensité de l'accent, varie en fonction de la région et du milieu culturel. Certains sont toujours utilisés, à commencer, bien entendu, par les belgicismes administratifs (cf. infra), ou utilisés la plupart du temps, comme septante. D'autres, à l'inverse, sont d'un usage beaucoup plus rare, dans des milieux plus restreints.[réf. nécessaire]

En dehors de ces extrêmes, les belgicismes les plus fréquemment utilisés sont les mots pour lesquels il n'y a pas d'équivalent tout à fait exact en français, comme le wallonisme astruquer, qui s'utilise quand la nourriture se retrouve dans la trachée au lieu de l'œsophage, ou le terme bruxellois klouch (voir liste infra). C'est également le cas lorsque le belgicisme véhicule des connotations différentes. L'emploi conscient de belgicismes peut aussi résulter de la volonté du locuteur de « faire belge », d'afficher sa belgitude ou son appartenance wallonne ou bruxelloise dans des circonstances particulières.

Les habitants francophones de Belgique n'ont aucune difficulté à comprendre le français standard. Les médias français, ou encore les films français, sont en effet couramment diffusés en Belgique, ce qui permet aux Belges francophones d'être perméables aux francismes. Les Belges francophones auront dès lors du mal à percevoir leurs propres régionalismes et ne connaissent pas les autres régionalismes français.

Exemple : un Belge francophone considérera bouteille (de gaz) et bonbonne comme des synonymes, mais n'aura pas la même définition du cornet qu'un Lorrain (= sachet).


Taxonomie des belgicismes



Selon l'étymologie


Archaïsmes

L'usage actuel en France de certains termes est parfois le fait d'innovations parisiennes qui se sont répandues assez largement en France, mais pas dans les autres pays francophones (Belgique, mais aussi Suisse et Québec). De ce fait certains termes peuvent être perçus comme des archaïsmes en français de France.

On remarque à la première écoute les mots « septante » et « nonante », dont les correspondants dans la majorité de la francophonie sont respectivement « soixante-dix » et « quatre-vingt-dix ». Ces nombres ne sont pas vraiment des belgicismes puisqu'ils sont aussi utilisés dans d'anciennes possessions coloniales belges (en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Burundi) mais aussi en Suisse, au Luxembourg et dans certaines parties de l'est de la France (Lorraine, Savoie,…). Ils étaient encore couramment utilisés dans l'ensemble de la France jusqu'à la fin de la Renaissance. Septante et nonante sont de stricts héritages du latin, alors que quatre-vingts et quatre-vingt-dix sont des traces de l'héritage celte (ils comptaient en base 20). L'Académie française a adopté définitivement le système vicésimal pour 70, 80, 90 au XVIIe siècle. Ils étaient encore utilisés dans toute la France dans les années 1920. Contrairement au français de Suisse, celui de Belgique utilise exclusivement quatre-vingts pour 80 (et de même: quatre-vingt-un, quatre-vingt-deux, …, quatre-vingt-neuf).

Le maintien de la conjonction et dans cent et un, cent et deux, etc. est également un archaïsme[N 3].

Le terme à tantôt (à tout à l'heure) est lui aussi un archaïsme que l'on peut par exemple retrouver dans le malade imaginaire de Molière.

Les noms donnés aux repas sont également des archaïsmes :

Cependant ces termes sont aussi utilisés en français, dans les régions traditionnellement de langue occitane du sud de la France, et sont même la norme en français québécois et en Suisse.


Innovations lexicales locales

De nombreux belgicismes sont des innovations lexicales, parmi lesquelles on distingue différents processus : la dérivation, la composition et la différenciation sémantique, qui conduit certains mots présents en français de référence à avoir un sens partiellement ou totalement différent en français de Belgique[7].

Voici quelques exemples de dérivations : ajoute « ajout », d’ajouter[8],[F 3], caillant « très froid » (faire caillant, « faire un froid de canard[9] »), de cailler[8],[F 4], clignoteur « clignotant (d'un véhicule) », de clignoter[6],[F 5], copion, « antisèche », de copier[F 6], exemplatif, d'exemple (à titre exemplatif, « à titre d'exemple »)[8],[F 7], flamiche « tarte au fromage » (formé de flamme et du suffixe -iche)[F 8], savonnée « mélange d’eau et de savon pour nettoyer le sol », de savonner[8],[F 9], sterfput « siphon de sol».

Les innovations lexicales du français de Belgique sont souvent parallèles avec celles du français de référence. Par exemple, banc de neige « congère » (à comparer avec banc de sable, banc de roche, etc.)[F 10] ou pissodrome « urinoir public » (à comparer avec baisodrome)[F 11].


Emprunts aux parlers romans de Wallonie

Les emprunts aux parlers romans de Wallonie : principalement le wallon et le picard, mais aussi le lorrain (gaumais) et le champenois.

Vu qu'il existe un large vocabulaire commun entre ces parlers, il n'est pas toujours facile de rattacher un belgicisme à un parler en particulier. Spitant (pétillant, énergique), qui est entré dans le dictionnaire[6], est un emprunt au flamand spitten. S'il est largement utilisé en Belgique francophone, spiter est également présent en picard et en lorrain[F 12]. Avoir difficile « avoir des difficultés » a des correspondants dans plusieurs parlers de Wallonie[F 13]. Des termes comme grandiveux « personne hautaine ou arrogante »[F 14], spépieux « exagérément méticuleux »[F 15], maïeur (terme utilisé pour désigner familièrement le bourgmestre en Wallonie)[F 16], taper à gailles « choisir au hasard » (gaye signifie noix en wallon et en picard)[F 17] se retrouvent en wallon comme en picard. Rawette « petite quantité, souvent excédentaire » est présent en wallon, en picard et en lorrain[F 18].

Les wallonismes sont des emprunts faits au wallon ou des calques basés sur cette langue. Parmi les emprunts, on peut citer baraquî ou barakî « personne dont l'attitude vestimentaire, le langage et le comportement sont peu raffinés, voire vulgaires », emprunté au wallon barakî signifiant baraquier[F 19].

D'autres, comme maquée fromage blanc », du wallon makéye), sont régulièrement utilisés[F 20]. Estaminet « débit de boisson » a été emprunté au wallon (staminê) à date ancienne[F 21]. Dans un autre registre, spirou « enfant espiègle » est issu d'un mot wallon signifiant « écureuil ». C'est de ce wallonisme qu'est issu le nom du personnage de bandes dessinées Spirou[F 22]. Le cougnou est un pain brioché fabriqué à la Noël qui a une forme allongée[F 23]. La tarte al d'jote est une tarte au fromage fabriquée à Nivelles[F 24].

Curieusement le wallon, qui tend à s'affaiblir, a été durant toute l'expansion industrielle de la Wallonie la langue des entreprises de pointe, en particulier les charbonnages, dont par exemple les chevalements ont un nom wallon, comme belle fleur, issu du wallon belfleûr (= beffroi). De nombreuses œuvres d'artistes belges ont dans leur titre le mot hiercheuse ouvrière qui tire les wagonnets de charbon »), du wallon et aussi orthographe ancienne du mot français herscheur au féminin.

Ainsi, les mots wallons ne sont pas uniquement utilisés pour le folklore (comme les blancs moussis de Stavelot, par exemple). Beaucoup de Wallons émaillent leur français de mots wallons, dont on a parfois pu dire que, sans être un argot, il en a un peu la fonction. Ainsi vont les èye adon ké novèle ? et alors, quelles sont les nouvelles? »), les liards l'argent »), bramin beaucoup ») et autre dji vou bin je veux bien », mais exprimant une réserve), dji vou dji n'pou je veux je ne peux » utilisé pour désigner un velléitaire), téch-tu tais-toi » employé au sens de « tu galèjes »). Parfois les mots wallons sont utilisés dans une conversation française, comme toudi (en wallo-picard) ou todi (en wallon liégeois) pour « toujours ».

Il existe enfin de nombreux noms de lieu qui n'ont que leur forme wallonne, comme Houte-Si-Plou (du wallon liégeois : « écoute s'il pleut »), nom toponymique qui désigne aussi un village retiré, un « trou perdu ». Liège est parfois appelée familièrement de son nom wallon Lîdje. Il en va de même pour la dénomination des habitants de certaines localités (ex : les Borkins, habitants de Saint-Hubert), les noms de rue, et jusqu'à certains slogans politiques contemporains comme nucléaire, rastreins valè nucléaire, non merci »). Rastreins valè signifie en fait « Là, mon vieux, tu exagères ! »; ou encore c'est toudi les p'tits qu'on sprotche ce sont toujours les faibles qui écopent ». Variante de sprotcher, spotcher = écraser).

Cependant, beaucoup de ces wallonismes ne sont effectivement employés que dans une partie de la Belgique francophone, voire de la Wallonie. Seule une partie d'entre eux se sont réellement répandus partout. Mais il y a en cela une constante évolution : si les Wallons aiment émailler leur français d'expressions wallonnes, ils le font en pleine connaissance de cause. En d'autres termes, ils sont parfaitement conscients que ces mots sont wallons et non français. Mais à la longue, certains mots finissent par être compris de tous, même des Bruxellois, et passent dans la langue française de Belgique. Au stade ultime, on finit parfois par oublier l'origine wallonne du mot.

Dans de nombreux cas, il est difficile de discerner à quel stade précis on en est de cette évolution. Le mot est-il encore un wallonisme ou est-il devenu un belgicisme ? La frontière est souvent floue.

Squetter « casser » est un emprunt au picard[N 4],[F 25]. Le picard a également donné de nombreux mots au français (rescapé).

Mots ou expressions venant du wallon :


Emprunts aux langues germaniques

Les emprunts aux langues germaniques voisines comme bourgmestre qui vient du moyen néerlandais borgermeester[TLFi 1] pour désigner le premier magistrat d'une commune. Ou encore ring pour route périphérique, qui est un emprunt au néerlandais standard[F 26], et qui permet l'utilisation d'un même mot dans les trois langues nationales. Tof « épatant », emprunté au néerlandais standard (qui l'a emprunté à l'hébreu via le yiddish טוב tov « bon »)[F 27]. Action « promotion », emprunté à l'allemand Aktion.

On parle de Flandricisme ou de Flandrisme pour les mots issu du flamand ou du néerlandais de Belgique.

Mots ou expressions venant du flamand (pas nécessairement du néerlandais) ou termes bruxellois :


Antonomases

Les antonomases (lexicalisation de noms propres) : frigolite « polystyrène expansé » (à l'origine une marque déposée, Frigolith)[F 28], balatum « revêtement de sol » (à l'origine une marque déposée)[8],[F 29], gyproc, « plaques de gypse, placoplatre » (Gyproc est une marque déposée)[F 30], auto-scooter « auto tamponneuse »[F 31], baxter « goutte-à-goutte » (ce mot vient de la marque qui commercialise ces goutte-à-goutte)[8],[F 32], Bob « capitaine de soirée » (celui qui ne boit pas et ramène ses amis après la fête)[F 33].


Selon le référent

Certains belgicismes, appelés régionalismes linguistiques, désignent des référents qui existent également dans les autres pays francophones (par exemple goulafre « goinfre »). D'autres belgicismes, appelés régionalismes encyclopédiques désignent des référents spécifiques à la Belgique. Il n'existe donc pas pour ces derniers d'exacts équivalents en français de référence[F 34]. Parmi ceux-ci, on peut citer :


Selon les formes utilisées

Certains belgicismes sont de formes inusitées dans le français de référence : barakî ou escavèche sont absents des dictionnaires du français de référence. Par contre, d'autres belgicismes sont des formes qui existent en français de référence, mais avec un sens différent :


Exemples


Outre les exemples cités plus haut :


La prononciation et les accents


Les accents des francophones de Belgique ne sont pas uniformes : on retrouve principalement trois grandes familles d'accents, l'accent bruxellois, l'accent picard et l'accent wallon.

L'« accent belge » généralement imité par les humoristes français correspond à l'accent bruxellois. Il s'agit d'un français prononcé avec un accent flamand brabançon plus ou moins intense. Bien que tombant en désuétude, il s'entend encore. Cet accent authentique peut encore s'entendre dans l'un ou l'autre quartier spécifique ou une couche sociale particulière : les Marolles, le béguinage, le quartier du Meyboom, les corps professionnels bilingues (pompiers, policiers…).

Dans le film Faites sauter la banque !, la famille de Victor Garnier (Louis de Funès) reçoit « les cousins de Liège », qui parlent avec un fort accent bruxellois bien peu de circonstance. L'acteur belge Charlie Dupont imite les différents accents francophones belges dans une séquence du film Il était une fois, une fois[16]

L'accent picard est le même que celui que l'on retrouve dans le nord de la France. En Belgique, on le retrouve dans la partie occidentale du Hainaut (Mouscron, Ath, Tournai, Mons).

On peut distinguer différents accents wallons : l'accent carolorégien (Charleroi), l'accent namurois, l'accent ardennais, l'accent liégeois et l'accent verviétois.

Le parler des locuteurs belges a cependant de nombreux traits communs[17]:

D'autres traits plus typés se retrouvent en zone dialectale wallonne.

Ces prononciations très typées sont très stigmatisées.


Morphologie et syntaxe


On peut signaler la série de noms de métiers féminisés en mars 1989 qui n'ont pas encore d'équivalents officiels en français de France. L'usage de ces féminins, obligatoire dans les actes administratifs aux termes du décret du , s'étend peu à peu dans le français usuel[19]. Certains de ces féminins, tels « Madame la ministre », étaient d'ailleurs usités dès avant la féminisation officielle.


Perceptions du français de Belgique


Ce qui passe en France pour être l'authentique accent belge est en réalité l'accent bruxellois très approximativement imité par Coluche, qui habille le français de fortes influences flamandes, au niveau de l'intonation et des expressions utilisées. Il est en fait très différent des accents trouvés dans la partie francophone du pays. Il s'agit principalement des accents wallons (dans les régions de Liège, de Namur, de Charleroi, le Brabant wallon et le Luxembourg belge) et picard (dans l'ouest de la province de Hainaut : Mons, Tournai, Mouscron).

L'acteur Charlie Dupont imite les différents accents francophones belges dans une séquence du film Il était une fois, une fois[16].

Il est vrai que dans leurs tentatives, souvent maladroites, d'imiter cet accent, les autres francophones ponctuent fréquemment leurs phrases de « une fois » et « sais-tu », expressions qui ne peuvent pas cohabiter : la première est bruxelloise et ne se trouve jamais postposée en bout de phrase, la seconde est wallonne. La traduction wallonne de la première est « un peu ».

René Goscinny utilise abondamment de ces expressions belges typiques dans Astérix chez les Belges pour les caricaturer.


Créativité


Dans sa Grammaire critique du français Duculot, Gembloux, 1997, Marc Wilmet note en s'en amusant que l'imparfait qu'il appelle « ludique » est né en Wallonie et il donne cet exemple : « On disait que tu étais un Indien », notant que ce serait la forme populaire du conditionnel : « On aurait un oncle et il s'appellerait Victor » (Grammaire critique du français p. 390), mais il ajoute que l'imparfait ludique décrète tandis que le conditionnel « quête une approbation » (ibidem)[21].


Notes et références



Notes


  1. code de langue IETF : fr-be
  2. Le dernier recensement linguistique en Belgique date de 1947
  3. Cette construction se retrouve également en néerlandais de Belgique, à la différence du néerlandais standard[F 2].
  4. Slogan classique dans les manifestations houleuses : « Et ric, et rac, on va sketter l'barraque, et rac, et ric, on va sketter l'boutique ».
  5. Robert Chaudenson fait remarquer que des tours comme « pour moi manger » (= pour que je mange) ou « pour le petit garçon venir » (= pour que le petit garçon vienne) remontent au français ancien et se retrouvent non seulement en Wallonie mais aussi dans la plus grande partie de la France du Nord, comme également à la Réunion, dans l'Ile Maurice ou en Martinique[20]

Références


  1. Francard et al. 2010, p. 9-11
  2. Francard et al. 2010, s.v. cent
  3. Francard et al. 2010, s.v. ajoute
  4. Francard et al. 2010, s.v. caillant
  5. Francard et al. 2010, s.v. clignoteur
  6. Francard et al. 2010, s.v. copion
  7. Francard et al. 2010, s.v. exemplatif
  8. Francard et al. 2010, s.v. flamiche
  9. Francard et al. 2010, s.v. savonnée
  10. Francard et al. 2010, s.v. banc
  11. Francard et al. 2010, s.v. pissodrome
  12. Francard et al. 2010, s.v. spiter
  13. Francard et al. 2010, s.v. avoir
  14. Francard et al. 2010, s.v. grandiveux
  15. Francard et al. 2010, s.v. spépieux
  16. Francard et al. 2010, s.v. maïeur
  17. Francard et al. 2010, s.v. gailles
  18. Francard et al. 2010, s.v. rawette
  19. Francard et al. 2010, s.v. baraquî
  20. Francard et al. 2010, s.v. maquée
  21. Francard et al. 2010, s.v. estaminet
  22. Francard et al. 2010, s.v. spirou
  23. Francard et al. 2010, s.v. congnou
  24. Francard et al. 2010, s.v. djote
  25. Francard et al. 2010, s.v. squetter
  26. Francard et al. 2010, s.v. ring
  27. Francard et al. 2010, s.v. tof
  28. Francard et al. 2010, s.v. frigolite
  29. Francard et al. 2010, s.v. balatum
  30. Francard et al. 2010, s.v. gyproc
  31. Francard et al. 2010, s.v. auto-scooter
  32. Francard et al. 2010, s.v. baxter
  33. Francard et al. 2010, s.v. Bob
  34. Francard et al. 2010, p. 11-12
  35. Francard et al. 2010, s.v. abaisser
  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de « bourgmestre » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Définitions lexicographiques et étymologiques de « loque » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. Définitions lexicographiques et étymologiques de « reloqueter » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. Définitions lexicographiques et étymologiques de « vingt » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  1. Lebouc 2006
  2. « Belgique : données démolinguistiques », sur www.axl.cefan.ulaval.ca, dernière mise à jour : 10 février 2020 (consulté le )
  3. Pierre Havaux, « Huit millions de "francophones" en Belgique : adjugé, assume Reynders », sur Site-LeVif-FR, (consulté le )
  4. « Les Flamands sont des francophones qui s'ignorent », sur RTBF Info, (consulté le )
  5. Félix Rousseau, Wallonie, terre Romane, Ed. Jules Destrée, 1967, page 42.
  6. Le Nouveau Petit Robert de la langue française, 2007, Dictionnaires Le Robert, Paris.
  7. Blampain et al. 1997, s.v. Jean René Klein et Michèle Lenoble-Pinson, « Lexique », p. 188-189
  8. Bal et al. 1994
  9. Origine et signification de l'expression Un froid de canard en vidéo sur le site netprof.fr
  10. Hanse et al. 1971
  11. Hanse et al. 1974
  12. Nouveaux mot du Robert
  13. Petit Larousse illustré
  14. Haust J., Dictionnaire liégeois
  15. Conseil d’État « spépieux » (Lalibre.be, 08/07/2008)
  16. L'acteur Charlie Dupont imite les différents accents francophones belges dans le film Il était une fois, une fois
  17. Philippe Hambye, Michel Francard & Anne Catherine Simon, Phonologie du français en Belgique, bilan et perspectives, F.N.R.S. - Centre de recherche Valibel (Université catholique de Louvain, Belgique), disponible sur
  18. Maurice Grevisse et André Goosse, Le Bon Usage, 14e édition, éditions De Boeck et Larcier, 2008, § 22-36.
  19. http://www2.cfwb.be/franca/femini/feminin.htm.
  20. Robert Chaudenson, La créolisation : théorie, applications, implications, L'Harmattan, , p. 446-447
  21. Une grammaire critique du français, consulté le 21 juin 1997.

Voir aussi


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Bibliographie



Articles connexes



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[en] Belgian French

Belgian French (French: français de Belgique) is the variety of French spoken mainly among the French Community of Belgium, alongside related Oïl languages of the region such as Walloon, Picard, Champenois, and Lorrain (Gaumais). The French language spoken in Belgium differs very little from that of France or Switzerland. It is characterized by the use of some terms that are considered archaic in France, as well as loanwords from languages such as Walloon, Picard, and Dutch.[1]
- [fr] Français de Belgique

[it] Dialetto francese belga

Il francese belga o francese del Belgio (in francese: français de Belgique) è la varietà del francese parlato dai francofoni del Belgio. Il francese del Belgio e quello della Francia sono quasi identici, e pertanto mutuamente intelligibili, anche se esistono notevoli differenze lessicali e fonologiche.

[ru] Бельгийский французский

Бельгийский французский (фр. Le français de Belgique) — региональный вариант французского языка в королевстве Бельгия; один из трёх официальных языков, употребляемых в стране, наряду с нидерландским и немецким. Характеризуется относительным единством письменной формы, максимально приближенной к парижской, при заметном разнообразии устных говоров, сохраняющих разнообразные лексемы и фонемы автохтонных романских языков.



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