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Le maori des îles Cook (autonyme : Te reo Māori Kūki 'Āirani), parfois appelé à tort rarotongien[non neutre][1], est avec l'anglais la langue officielle et véhiculaire de la plus grande partie des Îles Cook[2].

Maori des Îles Cook,
Māori Kūki 'Āirani, Reo ipukarea
Pays Îles Cook, Nouvelle-Zélande
Nombre de locuteurs 20 000 à 30 000[réf. nécessaire]
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Îles Cook
Codes de langue
IETF rar-CK mi-CK
ISO 639-2 rar
ISO 639-3 rar
Glottolog raro1241
Échantillon
Article premier de la « Déclaration universelle des droits de l'homme », sur ohchr (voir le texte en français)

Atikara 1

Kua anau rangatira ia te tangata katoatoa ma te aiteite i te au tikaanga e te tu ngateitei tiratiratu. Kua ki ia ratou e te mero kimi ravenga e te akavangakau e kia akono tetai i tetai, i roto i te vaerua piri anga taeake.

Elle appartient au sous-groupe des langues polynésiennes et plus précisément aux langues océaniennes de la famille des langues austronésiennes. Ses plus proches parentes parmi les langues polynésiennes sont celles de Polynésie orientale et plus particulièrement le tahitien, le maori de Nouvelle-Zélande, le paumotu (langue des Tuamotu), le rapanui (langue de l'île de Pâques) et, dans une moindre mesure, l'hawaïen et le marquisien.


Statut officiel


Le maori est depuis 2003 et le Reo Maori Act Loi sur la langue maorie »), la langue officielle des îles Cook avec l'anglais. Selon, cette loi qui institua également le Kopapa reo maori, c’est-à-dire la « Commission à la langue maorie », maori signifie :

En , le gouvernement annonça qu'il s'apprêtait à légiférer afin de rendre obligatoire la maîtrise du maori des îles Cook à tout candidat à un visa de résident permanent sur le territoire[3]. Cette annonce suscita des réactions partagées dans l'archipel[4].


Variantes dialectales


Il existe plusieurs variantes dialectales du maori. Outre le rarotongien parlé sur l'île de Rarotonga, on distingue les dialectes de Rakahanga-Manihiki, des Ngaputoru (qui regroupe les trois îles d'Atiu, Mauke et Mitiaro), de Mangaia, d'Aitutaki et de Penrhyn[5]. La langue de Pukapuka est pour des raisons liées au peuplement de l'île, généralement considérée par les linguistes plus proche du samoan et des langues parlées sur les trois atolls des Tokelau[6].

Le maori standard, ou plutôt en voie de standardisation, est fortement inspiré du dialecte rarotongien, même s'il intègre de plus en plus de vocabulaire des autres îles de l'archipel, ne serait-ce que du fait que de nos jours un grand nombre d'habitants de Rarotonga sont originaires des autres îles.

Ci-dessous sont quelques exemples de variations de vocabulaire entre les différents dialectes du maori. Selon le dictionnaire de Buse et Taringa, il existe en tout une cinquantaine de mots ayant des étymons véritablement différents, le reste étant lié à des variantes de prononciations (ie kumara/ku'ara ; kare/ka'ore/'a'ore). À noter que 'akaipoipo… est un emprunt au tahitien « fa'aipoipo » datant de l'époque missionnaire et de l'introduction du mariage

RarotongaAitutakiMangaiaNgāputoruManihikiTongarevaFrançais
tuatua'autaratarataraaraarakautaparler, parole
kūmarakū'arakū'arapatate douce
kāre/korekā'ore'ā'orekarenégation
tātākirititātāécrire
'urakoni'ura'ingo (Atiu) /
'ori (Mauke/Mitiaro)
hupadanse
'akaipoipo'akaipoipo'ā'āipoipo'akaipoipofakaipoipomariage
'īkokekoroiorakikifin, maigre
'are'are'are'arefareharemaison
ma'ata'atupakangaobeaucoup, grand

Phonologie


Le maori se compose de 19 phonèmes, en prenant en compte les voyelles courtes et longues.

Article détaillé : Phonologie du maori (îles Cook).

Grammaire


Les rares linguistes à s'être intéressés au maori des îles Cook ont longtemps analysé cette langue au travers du prisme des descriptions classiques de nos langues européennes. Ils lui ont imposé un certain nombre de cadres préconstruits, de grilles de réflexion, inspirés de la métalangue et des classifications grammaticales indo-européennes. Considérant ces descriptions classiques comme une forme de « glottocentrisme », la recherche linguistique, qu'elle soit francophone ou anglophone, tente, depuis quelques années, de sortir de ce carcan avec un succès limité. La question se pose, tout particulièrement, en ce qui concerne la catégorisation grammaticale. Les catégories bien connues, le verbe, le nom, l'adjectif, ont dans ces langues des frontières beaucoup plus perméables. Certains lexèmes peuvent ainsi être utilisés comme nom, adjectif, verbe en fonction du marqueur qui l'accompagne. De même, l'utilisation fréquente de phrases décrites comme non verbales cause certains linguistes à dire que c'est une langue sans opposition verbo-nominale.

Article détaillé : Grammaire du maori (îles Cook).

Histoire de l'enseignement du maori aux îles Cook


Lorsque John Williams de la London Missionary Society (LMS) déposa des catéchistes originaires des îles Sous-le-Vent sur Aitutaki (1821) puis Rarotonga (1823), il leur donna comme instruction de ne pas chercher à apprendre la langue locale mais de prodiguer leur enseignement en tahitien. Il pensait alors que la proximité linguistique des deux langues permettrait à la population de maîtriser rapidement cette dernière. Lorsqu'il repassa à Rarotonga en compagnie de Charles Pitman en 1827, il constata amèrement l'échec de ses prévisions : « Ce fut pour nous une déception de voir que pas un seul insulaire ne savait lire, et ce malgré l'assurance des professeurs d'avoir fait tout leur possible pour cela. Il est vrai que les enseignements se faisaient en tahitien puisque notre souhait était de généraliser ce dialecte autant que possible. » [7]

Changeant son fusil d'épaule, il mit en place un enseignement religieux, cette fois en maori. Malgré tout, le tahitien continua, au moins partiellement, d'être enseigné pendant encore de nombreuses années. En 1838, Pitman écrivait ainsi dans une de ses lettres destinée aux directeurs de la LMS avoir examiné les écoliers de la station de Titikaveka au sud de Rarotonga par une lecture des Écritures en tahitien[8]. De nombreux emprunts au tahitien, toujours perceptibles, datent de cette époque.

L'ouverture du Collège théologique de Takamoa en 1841, vit pour la première fois l'introduction de quelques cours d'anglais dans le cursus, mais ils restaient marginaux. La situation perdura jusqu'en 1888 et la mise en place du Protectorat. Le résident britannique, Frederick Joseph Moss, décida de mettre en place un système éducatif copié sur le modèle anglais avec des enseignements exclusivement dans cette langue. Avec l'annexion néo-zélandaise de 1901, cette politique fut reprise et renforcée par son successeur Walter Edward Gudgeon. Avec le Cook Islands Act de 1915, l'anglais fut officiellement déclaré langue officielle des îles Cook. Interdit à l'école sous peine de punitions diverses, le maori n'en demeura pas moins la langue utilisée dans le cadre familiale et la vie de tous les jours.

En 1945, Clarence Beeby, Directeur général de l'éducation, préconisa, sans résultat, la mise en place de quelques heures d'enseignement du maori dans le cursus. L'idée fut reprise dans les années 1950 par son successeur, Hugh Hickling, qui croyait qu'un enfant aurait plus de facilité à apprendre une langue étrangère s'il maîtrisait au préalable sa propre langue maternelle. Comme son prédécesseur, il rencontra une forte opposition non des autorités néo-zélandaises mais chez les insulaires, qui voyaient dans ce projet une tentative insidieuse pour les écarter des meilleurs emplois.

Avec l'indépendance associée de 1965, la responsabilité du système éducatif revint au gouvernement des îles Cook. Celui-ci mit en place peu à peu un cursus bilingue tandis que des manuels scolaires en maori étaient publiés (voir bibliographie). Malgré cela et du fait de l'apparition de nouveaux média comme la radio, la télévision[9], du développement du tourisme, la pratique du maori comtinue depuis de perdre du terrain au profit de l'anglais. Le résultat est les plus jeunes générations ne maîtrisent maintenant très mal non seulement le maori mais aussi l'anglais et passent souvent dans une même conversation d'une langue à l'autre sans être véritablement capable de tenir un discours soutenu dans aucune des deux[10]. La situation semble encore plus préoccupante chez les Maori expatriés en Nouvelle-Zélande puisque selon le recensement de 2006, 17 % d'entre eux[11] déclarent savoir parler maori et ils sont seulement 5 % parmi ceux nés en Nouvelle-Zélande (2e et 3e générations). Sans doute, c'est la raison pour laquelle le gouvernement néo-zélandais a mis en place ces dernières années un enseignement du maori (des îles Cook) sur son territoire (voir lien externe).

(Source principale : Maureen Goodwin, « Reo : Aue Tau e, To Tatou Reo! Alas for Our Language! » in Akono'anga Maori: Cook Islands Culture. 2003.)


Emprunts, néologismes et créations lexicales


Comme pour l'ensemble des langues polynésiennes, le maori a intégré dans son vocabulaire un certain nombre de néologismes soit sous forme d'emprunts rephonologisés soit par le biais de créations lexicales. Ci-dessous un tableau comparatif de ces emprunts avec le tahitien

Maori Tahitien Français
mōtokā (de l'anglais motorcar) pere'o'o uira (litt. roue électrique)[12] Voiture
pa‘īreva (litt. la bateau qui s'en va) manureva (litt. l'oiseau qui s'en va) Avion
terepaoni tāniuniu (tā : causatif + niuniu : racine de cocotier par ext. fil, corde) Téléphone
nūti (de l'anglais news) parau api (litt. Parole nouvelle) les nouvelles, l'actualité
kī tā titā guitare
'are maki (litt. maison maladie) fare ma'i (litt. maison maladie) hôpital
pi'a 'āiti (litt. boite pi'a; à glace 'āiti de l'anglais ice) 'āfata fa'ato'eto'e (litt. caisse pour refroidir) réfrigérateur
pātikara mōtō motocyclette
roro uira (litt. mémoire ou cerveau, roro; électrique « uira ») roro uira (litt. mémoire, cerveau roro ; électrique « uira ») ordinateur
roro uira 'ātuitui (litt.mémoire ou cerveau, roro; électrique « uira »;
'ātuitui, crochet, hameçon, prise électrique)
nohora'a 'itenati (litt. adresse nohora'a ;
emprunt au français internet)
site web

Notes


  1. L'appellation « rarotongien » peut déplaire aux locuteurs des autres îles qui reprochent parfois aux habitants de Rarotonga leur « rarotongo-centrisme ».
  2. Sur place, les gens disent simplement Māori ou Te reo Māori. La précision « des îles Cook » est généralement ajoutée en dehors de l'archipel pour éviter toute confusion avec le maori de Nouvelle-Zélande. Elle est quelquefois également désignée (mais plus rarement) sous la forme « reo ipukarea ». Ces désignations multiples rendent compte des difficultés propres à certains États insulaires océaniens de trouver une cohésion nationale, tout au moins sur le plan linguistique.
  3. « Spoken Maori prerequisite for Cook Islands residency » (ABC Radio Australia Fri Nov 6, 2009)
  4. On the Street : Do you think people should have to speak conversational Maori in order to become a permanent resident ? (Cook Islands News - Wednesday, November 11, 2009)
  5. Ce dernier est le plus souvent considéré, notamment par les linguistes, comme une langue distincte, néanmoins tous ses habitants comprennent couramment le maori standard.
  6. Il fera l'objet ici d'un article à part même si officiellement il est considéré comme étant du maori (des îles Cook)
  7. John Williams, « A narrative of missionary enterprise ». 1837.
  8. Lettre de Charles Pitman datée du 11 août 1838 au Révérend Ellis à Londres (Archives de la LMS)
  9. En raison du peu de moyen pour la production locale, les programmes diffusés par Cook Islands TV sont pour l'essentiel achetés à la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou les États-Unis et donc en anglais.
  10. Cette pratique de mêler des phrases maori et anglaise est appelée sur place le maroro-maori en référence au poisson volant (maroro) qui volette à l'aveugle entre mer et air.
  11. Soit 9 702 personnes sur les 57 939 Maori des îles Cook vivant en Nouvelle-Zélande.
  12. pere'o'o désigne un jouet ancien en forme d'hélice fait avec des feuilles de cocotier et que les enfants s'amusaient à faire tourner en courant ou en le plaçant dans un endroit bien ventilé. Uira est l'éclair et par extension l'électricité

Bibliographie



Voir aussi



Articles connexes



Liens externes



Dictionnaire et grammaire en ligne


Enseignement


На других языках


[de] Rarotonganische Sprache

Das Māori der Cookinseln oder Rarotonganisch (englisch Cook Islands Māori) ist seit 2003 die Amtssprache der Cookinseln. Es ist mit Tahitianisch und der Sprache der Māori in Neuseeland am nächsten verwandt.

[en] Cook Islands Māori

Cook Islands Māori is an Eastern Polynesian language that is the official language of the Cook Islands. Cook Islands Māori is closely related to New Zealand Māori, but is a distinct language in its own right. Cook Islands Māori is simply called Māori when there is no need to disambiguate it from New Zealand Māori, but it is also known as Māori Kūki 'Āirani (or Maori Kuki Airani) or controversially[3] Rarotongan. Many Cook Islanders also call it Te reo Ipukarea, literally "the language of the Ancestral Homeland".

[es] Idioma rarotongano

El rarotongano o maorí de las Islas Cook (autoglotónimo Māori Kūki 'Āiran) es un idioma que se habla de manera oficial en las Islas Cook junto con el inglés desde el 2003, según el Acta Te Reo Maori Act.
- [fr] Maori des îles Cook

[ru] Кукский язык

Ку́кский язык (также маори островов Кука, кукский маори) — официальный язык Островов Кука. Принадлежит к полинезийской подгруппе австронезийской семьи языков. Общее число носителей неизвестно, оценивается в 15—20 тысяч человек, из которых часть живёт на Островах Кука, часть — в Новой Зеландии и Австралии. Несмотря на юридическую защиту, положение языка нестабильно и постоянно ухудшается из-за перехода кукцев на английский язык.



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